Baiser.
Sonnet 98.
Icy l' ombre est espaisse, icy le gay zephire
Esvente doucement le feüillage des bois,
Vien donc à la fraischeur me baiser mille fois,
Pour appaiser le feu qui cause mon martire.
Estouffe ce desdain, te doit-il pas suffire
Que tes desirs me sont des regles et des loix ?
Et qu' au prix de tes yeux, mes astres, et mes rois,
Je fay bien peu d' estat d' un sceptre et d' un empire ?
Ma belle approche toy, seconde mon dessein ;
Destache ce colet, monstre moy ce beau sein,
L' unique paradis de mon amour fidele ;
Souffre qu' en le baisant mon mal soit appaisé ;
Et si tu crains qu' un jour ces faveurs je revele,
Cloris, fay moy mourir quand je l' auray baisé.