La visite indiferente.
Sonnet.
Isabelle me void, et dans mon jardinage
Je voy ses pas meslez aux traces de mes pas,
Pourtant l' injuste amour ne nous assemble pas,
Puisque son ame est libre, et la mienne en servage.
Cette fiere beauté, comme une ourse sauvage,
Qui du sang le plus pur fait son plus doux repas,
Perce, et brusle mon coeur de ses yeux pleins d' appas,
Et mon ardant brasier luy semble un feu volage.
Insensible beauté pour qui seule je meurs,
Ou preste un peu l' oreille à mes tristes clameurs,
Ou ta main pour coupper la trame de ma vie.
Ne te lasses tu point de me faire souffrir ;
Et dans ce triste estat de mon ame asservie
Ne sçaurois-je pour toy, ny vivre, ny mourir ?