Espoir amoureux.
Sonnet.
Voicy le lieu champestre, où les yeux de Clarice
Verserent dans mon sein tant de flâmes d' amour ;
Que les champs ont depuis esté ma seule cour,
Comme la cour des roys mon unique supplice.
Icy d' un zele ardant et d' un coeur sans malice,
Soudain que je voyois l' aurore de retour,
Je venois saluer Clarice avec le jour,
Pour la rendre à mes voeux favorable et propice.
Selon le sentiment des plus doctes esprits,
C' est aux champs que nasquit le mignon de Cypris,
Ce n' est que là qu' il s' aime, et qu' il se passionne.
Mais, ô mon cher amour, si la foy te conduit,
Si tu nasquis aux champs, et mesme dans l' autonne,
Dois-tu pas esperer d' en recueillir du fruit ?