L' amant libre.
Sonnet.
Solitaires tesmoins de mon cuisant martire,
Quand Clarice tenoit mon ame dans ses fers ;
Paradis de mes yeux, qui fustes mes enfers,
Vous m' avez veu pleurer, beaux lieux, voyez moy rire.
Quoy que la fable chante, et quoy qu' on puisse dire,
Que l' Amour, et qu' Hymen gouvernent l' univers ;
Ainsi que leurs esprits, leurs throsnes sont divers,
Et ces deux deïtez veulent plus d' une empire.
Si pour gagner Clarice il faut estre captif
D' Hymen, de qui je suis l' esclave fugitif,
Je me ris de ses fers, je me ris de ses flâmes.
Et dans ma liberté dont j' aime le retour,
Je dis qu' Hymen n' est plus le noeud des belles ames,
Puis qu' il a délié les noeuds de mon amour.