Le mariage odieux.
Sonnet.
Clarice que je sers, m' aime autant qu' elle s' aime,
Elle m' escrit tousjours en termes de douceur ;
Soudain que je l' approche, elle éloigne sa soeur,
Et Dieu sçait les transports de son amour extréme.
C' est lors que son beau teint, que l' amour rend si bléme,
Reprend dans mes baisers sa grace, et sa vigueur ;
C' est lors qu' elle m' appelle et son ame, et son coeur,
Et qu' avecque raison je l' appelle de mesme.
Parmy cent mouvemens et de crainte, et d' espoir,
Jusques dans mon faubour Clarice me vient voir,
Mais toutes ces faveurs flattent peu mon courage.
Car encor que ses yeux soient mes roys absolus,
Si tost qu' elle me baise au nom de mariage,
Ce vieux mot me dégouste, et je ne l' aime plus.