Le mariage de Doris, et son voyage d' Italie.
Sonnet.
Hymen n' est point un dieu d' alegresse et de joye ;
C' est un cruel demon de tristesse et de deüil,
Puisqu' il met sans raison nos plaisirs au cercueil,
Et qu' il nous oste un bien, qu' à d' autres il octroye.
La France qui le void dans ses larmes se noye,
Et foule aux pieds l' éclat de son premier orgueil,
Pendant que l' Italie adore ce bel oeil,
Et se vante par tout d' une si riche proye.
N' accuse point Doris du mal que tu ressens,
Ô France, ses desirs sont tousjours innocens ;
Elle pleure pour toy, si tu pleures pour elle.
Certes, c' est à regret qu' elle quitte ce lieu ;
Mais puisque son destin la fit naistre mortelle,
Peut elle resister à la force d' un dieu ?