La retraitte de Doris à son amant.
Sonnet.
La perte que tu fais d' une beauté divine
Touche mon sentiment comme elle fait le tien,
Tu ne sçaurois avoir ny de mal, ny de bien,
Que mon humeur n' en soit ou joyeuse, ou chagrine.
Il ne faut pas pourtant que ton esprit s' obstine
À caresser un deüil qui ne profite en rien ;
Toy qui sçais toute chose, et ne sçais-tu pas bien
Qu' amour est une fleur qui n' est point sans espine ?
Souhaitter qu' elle soit hors de ce sacré lieu,
C' est vouloir l' arracher d' entre les bras de Dieu,
Qui veut faire par tout éclatter ses merites.
Pour ne la perdre point, marche dessus ses pas ;
Mais, que tu fais bien voir que c' est toy qui la quittes,
Puisque tu te resous de ne la suivre pas !