Le respect amoureux.
Sonnet 8.
Quand je te vois, Claudine, et que tes yeux de flâme
Eslancent sur les miens un regard amoureux ;
Dans le juste dessein de soulager mes feux,
Je te descouvre à nu les replis de mon ame.
Mais lors que ta beauté que mon amour reclame,
Comme l' unique objet de mon coeur langoureux,
Refuse à mes regards tes regards lumineux,
Je cache mon ardeur, je la tais, ou la blâme.
La crainte me saisit, avec le desespoir ;
Je n' ose plus t' aimer, je n' ose plus te voir ;
Ou si je brusle encor, mon soin le dissimule.
Apres tout, dans l' ardeur d' un brasier esclatant,
Quiconque sçait parler, et dire comme il brule,
Ne brule point du tout, ou ne brule pas tant.