Les berceaux
Dans les berceaux fleuris, encourtinés de soie,
Sur le duvet léger et chaud comme les nids,
Les petits sont couchés, par leurs mères bénis,
Souriant à l'azur où leur regard se noie.
Ils ont la pureté des sommets infinis
Et leur grâce comme un reflet d'astres chatoie;
Ils sont le val splendide et calme où se déploie
L'orgueil des lacs que les fanges n'ont pas ternis.
Mais, captifs de l'extase, ils n'ont pas vu deux spectres
Surgir aux rideaux bleus, deux rivales Électres,
Farouches, l'oeil flambant d'un mystère fatal.
C'est la Mort et la Vie: et chacune se penche
Sur l'ange qu'elle guette; et d'un geste brutal
Chacune vers soi tire une menotte blanche.