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 Antoine De La Fosse (1653-1708) ACTE 2 SCENE 1

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Antoine De La Fosse (1653-1708)  ACTE 2 SCENE 1 Empty
MessageSujet: Antoine De La Fosse (1653-1708) ACTE 2 SCENE 1   Antoine De La Fosse (1653-1708)  ACTE 2 SCENE 1 Icon_minitimeMer 1 Aoû - 15:31

ACTE 2 SCENE 1

Manlius, Servilius.

Manlius.
Non, je n' aprouve point cette seconde fuite,
amy. Ton sort changé doit changer ta conduite.

Servilius.
Et quel motif secret te fait me condamner ?
Crois-tu qu' avec plaisir je vais t' abandonner ?
Que, bornant tous mes voeux à plaire à Valerie,
j' immole à son amour ton amitié trahie ?
Plût aux dieux que tous trois réunis à jamais,
nos coeurs... mais vaine idée, inutiles souhaits !
Tu vois par quel crédit, et par quelle puissance,
Valerius icy peut hâter sa vangeance ;
qu' en vain contre un sénat trop declaré pour luy,
tes soins officieux m' offriroient un appuy ;
et lorsque, loin de Rome, une fuite facile
peut, contre leur pouvoir, m' assurer un azile,
dois-je dans les périls d' un amour malheureux
engager, sans besoin, un amy généreux ?

Manlius.
Mais en fuyant ces lieux, fuiras-tu ta fortune ?
Où prétens-tu traîner une vie importune ?
Quelle ressource encore y pourras-tu trouver ?
Sçais-tu dans le sénat ce qui vient d' arriver ?
Jusqu' où Valerius a porté sa colere ?

Servilius.
Non. Et qu' a-t-il donc fait ?

Manlius.
Tout ce qu' il pouvoit faire.
C' est peu, pour t' accabler, que le sénat cruel
te condamne aux rigueurs d' un éxil éternel ?
Pour te faire un tourment du jour que l' on te laisse,
tes biens te sont ravis, tes titres, ta noblesse,
ta maison, dont bien-tôt les trésors précieux
vont être le butin du soldat furieux,
et qui par mille mains aussi-tôt démolie
va dans ses fondemens tomber ensevelie.
Pour remplir cet arrêt, déja l' ordre est donné.
Le fier Valerius luy-même l' a signé.
En un mot tu pers tout, et dans ce sort funeste
juge, s' il te suffit de partager le reste
des biens, qu' avec mon sang versé dans les combats,
j' ay prodiguez en vain, en servant ces ingrats.

Servilius.
Ainsi, pere cruel, ainsi ta barbarie,
en éclatant sur moy, tombe sur Valerie.
Son sort au mien uni devoit... ah Manlius !
Tu sçais dans les périls quel est Servilius,
tu sçais si jusqu' icy le destin, qui m' outrage,
au moindre abaissement a forcé mon courage.
Mais quand je songe hélas que l' état, où je suis,
va bien-tôt exposer aux plus mortels ennuis
une jeune beauté, dont la foy, la constance
ne peut trop exiger de ma reconnoissance,
je pers à cet objet toute ma fermeté,
et pardonne de grace à cette lâcheté,
qui, me faisant prévoir tant d' affreuses allarmes,
dans ton sein généreux me fait verser de larmes.

Manlius.
Des larmes ! Ah plûtôt, par tes vaillantes mains,
soient noyez dans leur sang ces perfides romains.
Des larmes ! Jusques là ta douleur te posséde !
Il est, pour la guérir, un plus noble reméde,
un privilége illustre, un des droits glorieux,
qu' un homme, tel que toy, partage avec les dieux,
la vangeance. Ma main secondera la tienne.
Nôtre sort est commun. Ton injure est la mienne.
C' est à moy qu' on s' adresse, et dans Servilius
on croit humilier l' orgueil de Manlius.
Unissons, unissons dans la même vangeance
ceux, qui nous ont unis dans une même offence.
De tant d' affronts cruels vangeons nôtre vertu.
Perdons, et sénateurs, et consuls.

Servilius.
Que dis-tu ?
Dans ce discours obscur, ta voix, et ton visage
relévent mon espoir, r' animent mon courage.
Tu sembles méditer quelque important projet :
achéve, achéve, amy, de m' ouvrir ton secret.

Manlius.
Au même état que moy, ton coeur, par sa colere,
devroit avoir compris ce que le mien peut faire.
Aprens donc que bien-tôt nos tyrans, par leur mort,
de Rome entre mes mains vont remettre le sort.
J' ay de braves amis, pour chefs de l' entreprise ;
et gagné par mes soins, ou par leur entremise,
le peuple a sceu choisir, pour traitter avec moy,
Rutile, dont tu sçais la prudence et la foy.
Pour en hâter le tems, trop lent à ma vangeance,
je l' ay fait avertir qu' il vînt en diligence.
Tout me flate. J' ay sceu, par l' effet de mes voeux,
trouver divers moyens, indépendans entre eux,
qui peuvent s' entr' aider, sans pouvoir s' entrenuire,
et dont à mon dessein un seul peut me conduire ;
et s' il peut s' accomplir, je te laisse à juger
ce que mon amitié t' y fera partager.

Voilà, Servilius, le dessein qui m' anime,
sur qui tu dois fonder ton espoir legitime :
non qu' il m' aveugle assez, pour me faire penser,
qu' un caprice du sort n' ose le renverser.
Je sçais trop quels revers tout à coup il déploye :
mais, ne vaut-il pas mieux, amy, que Rome voye
Manlius périssant, en voulant se vanger,
que Manlius vivant, qui se laisse outrager ?
Toy-même, de ton sort vangeant l' ignominie,
verrois-tu d' un autre oeil la perte de ta vie ?

Servilius.
Non non, Manlius, non. Je fais les mêmes voeux,
j' écoute, avec transport, ton dessein généréux,
et je tire ce fruit des malheurs de ma vie,
qu' ils sçauront à mon zele ajouter ma furie.
Commande seulement. Sur qui de ces ingrats
doit éclater d' abord la fureur de mon bras.
Faut-il qu' avec ma suite, affrontant leurs cohortes,
du sénat, en plein jour, j' aille briser les portes ?
Ou renverser sur eux leurs palais embrasez ?
Tu vois à t' obéir tous mes voeux disposez.

Manlius.
Je te veux, avant tout, presenter à Rutile.
Comme il est d' un esprit éxact, et difficile,
il faudra qu' un serment, où tous se sont soumis,
de ta foy, dans ses mains, assure nos amis,
et tu comprens assez, sans qu' on t' en avertisse,
que soigneux de cacher jusqu' au plus foible indice,
à tous autres aprés, et tes yeux, et ton front,
en doivent dérober le mystere profond.

Servilius.
Tu me connois trop bien pour craindre qu' un reproche...

Manlius.
Laisse-moy luy parler. Je le voy qui s' aproche :
mais ne t' éloigne pas. Je vay te rapeller.
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