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 Antoine De La Fosse (1653-1708) ACTE 4 SCENE 9

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Antoine De La Fosse (1653-1708) ACTE 4 SCENE 9 Empty
MessageSujet: Antoine De La Fosse (1653-1708) ACTE 4 SCENE 9   Antoine De La Fosse (1653-1708) ACTE 4 SCENE 9 Icon_minitimeMer 1 Aoû - 16:13

ACTE 4 SCENE 9

Servilius, Valerie.

Valerie.
Seigneur, j' ay veu mon pere, et ne puis expliquer
les bontez, qu' en deux mots il m' a fait remarquer.
Mais, pressé par le tems, il m' a soudain laissée,
pour vous chercher, dit-il, dans la même pensée,
et sans doute... ah ! Seigneur, ne jettez point sur moy
ces sévéres regards, qui me glacent d' effroy.
Quel trouble est dans vos yeux ? Quelle horreur
imprévûe...

Servilius.
Oses tu bien encor te montrer à ma vue ?
Ne vois-tu pas icy le peril que tu cours ?

Valerie.
Quoy donc ?

Servilius.
Où m' ont réduit tes funestes discours ?
Où Manlius est-il ? Qu' en as-tu fait, perfide ?
Tu trembles vainement du courroux qui me guide.
Avant ta trahison, il y falloit songer.
Dans les derniers malheurs tu viens de le plonger.
Arrêté, menacé, comblé d' ignominie,
son espoir le plus doux est de perdre la vie.
De sa haine à jamais tu m' as rendu l' objet :
mais enfin, quand je suis entré dans son projet,
de la foy de tous deux je t' ay faite l' ôtage,
et de sa seureté ta vie étoit le gage.
Tu l' as trahi, tes soins pour Rome ont réussi.
Que tarde ma fureur de le vanger aussi ?

Valerie.
Hé bien ? Porquoy, seigneur, ces tranports, ces injures ?
S' il ne faut que mon sang, pour calmer ces murmures,
vous l' ay-je refusé ? N' est-il pas tout à vous ?
Je puis souffrir la mort, mais non vôtre courroux.
Immolez, sans fureur, une tendre victime.
Que ce soit seulement un effort magnanime.
En me perçant le coeur, ne me haïssez pas.
Plaignez-le au moins, ce coeur, qui jusques au trépas
vous aima, ne périt par vôtre main severe,
que pour avoir sauvé ma patrie, et mon pere.

Servilius.
Moy, te percer le coeur ? Ah ! Rends-moy donc le mien
tel que je te l' offris, pour meriter le tien,
fidéle à ses sermens, généreux, intrépide.
Tu n' en as fait hélas ! Qu' un lâche, qu' un perfide,
et quoy-que luy conseille un si juste courroux,
luy-même il est l' azile, où tu brave mes coups.
Que dis-je ? En ce moment, les dieux, sur ton visage,
on imprimé leurs traits, que respecte ma rage,
ou des romains, par toy conservez en ce jour,
le démon tutelaire est le tien à son tour.
Hé-bien c' est donc à toy qu' il faut que je m' adresse.
Par tout ce que pour toy mon coeur sent de tendresse,
par tes yeux, par tes pleurs, dont le pouvoir charmant
sçait si bien dérober le crime au châtiment,
en faveur d' un amy, montre encor ta puissance ;
et tandis que je vais parler en sa deffence,
avant que le sénat ait pû rien arrêter,
à ton pere cruel va, cours te présenter.
Tombe, pleure à ses pieds. Fais à ce coeur rebelle
sentir pour nos malheurs une pitié nouvelle.
Que par luy du sénat s' appaise le courroux.
Qu' enfin Manlius vive, ou nous périrons tous.

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