ACTE 2 SCENE 4
Servilius, Rutile.
Rutile.
Seigneur, de mes soupçons je reconnois l' erreur,
je vois, d' un oeil charmé, vôtre noble fureur.
De vôtre foy, pour nous, c' est le plus seur ôtage ;
et je n' en voudrois point exiger d' autre gage,
s' il n' étoit à propos de prouver cette foy
à d' autres, qui seroient plus défians que moy.
Car enfin, le projet, où s' unit nôtre zele,
est tel, qu' en vain chacun répond d' un bras fidele :
il ne porte au peril qu' un courage flottant,
quand luy-même de tous il n' en croit pas autant.
Cependant penetré de vôtre ardeur extrême,
je vous laisse, seigneur, et vous rends à vous-même.
Consultez Manlius : qu' il choisisse avec vous
le poste, où vôtre bras doit seconder nos coups,
tandis que, pour hâter le jour de nôtre joye,
je cours en diligence où son ordre m' envoye.
Servilius.
Et moy, pour éviter des chagrins superflus,
je fuiray Valerie, et ne la verray plus.
Manlius prendra soin d' appaiser sa tristesse ;
je bannis loin de moy toute vaine tendresse ;
et je veux desormais ne laisser dans mon coeur,
que l' espoir du succez, qui flate ma fureur.