A Un Ami.
O primavera, gioventù dell' anno,
Blla madre di fiori,
D'erbe novelle e di novelli amori...
Pastor fido.
Mon ami, vous me demandez si je pourrais retrouver quelques-uns de mes anciens
vers, et vous vous inquiétez même d'apprendre comment j'ai été poète, longtemps
avant de devenir un humble prosateur.
Je vous envoie les trois âges du poète - il n'y a plus en moi qu'un prosateur
obstiné. J'ai fait les premiers vers enthousiasme de jeunesse, les seconds par
amour, les derniers par désespoir. La Muse est entrée dans mon coeur comme une
déesse aux paroles dotées; elle s'en est échappée comme une pythie en jetant des
cris de douleur. Seulement, ses derniers accents se sont adoucis à mesure
qu'elle s'éloignait. Elle s'est détournée un instant, et j'ai revu comme en un
mirage les traits adorés d'autrefois!
La vie d'un poète est elle de tous. Il est inutile d'en définir toutes les
phases. Et maintenant:
Rebâtissons, ami, ce château périssable
Que le souffle du monde a jeté sur le sable,
Replaçons le sopha sous les tableaux flamands...