La mer
I
Je contemplais la danse des blanches vagues, ma poitrine se gonfla toit à coup
comme la mer, et je fus pris d'une profonde nostalgie en songeant à toi, douce
image, qui plane partout au-dessus de moi et partout m'appelle, partout,
partout, dans le bruit du vent, dans le rugissement de la mer et dans les
soupirs qui s'échappent de ma poitrine.
Avec une frêle roseau j'écrivis sur le sable: "Je t'aime!" Mais les méchants
vagues s'épandirent sur ce doux aveu et l'effacèrent.
Fragile roseau, sable mouvant, flots dissolvants, je ne me fierai plus à vous! -
Quand le ciel s'obscurcira, mon coeur sera plus farouche, et, d'une main
vigoureuse, j'arracherai le plus haut sapin des forêts de la Norvège, et je le
plongerai dans la gueule enflammée de l'Etna, et avec cette gigantesque plume
imbibée de feu, j'écrirai à la voûte obscure du ciel: "Agnès, je t'aime!".