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 Denis Diderot. (1713-1784) NOTICE PRÉLIMINAIRE.

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MessageSujet: Denis Diderot. (1713-1784) NOTICE PRÉLIMINAIRE.   Denis Diderot. (1713-1784) NOTICE PRÉLIMINAIRE. Icon_minitimeDim 2 Sep - 23:47

NOTICE PRÉLIMINAIRE.

La chronologie n'est point une science à dédaigner, et quand on ne
consulte pas avec soin les registres où elle inscrit au jour le jour les
événements que l'histoire brouille souvent à distance, on risque de
fausser, par une seule inadvertance, le caractère d'un homme et parfois
celui de toute une époque. Ce n'est point le lieu, dans ces courtes
Notices, d'entamer une discussion à ce sujet, mais nous ne pouvons
nous dispenser cependant de réagir contre une opinion qui pourrait
prendre quelque consistance si l'on s'attachait à la valeur de l'homme
qui l'a exprimée, il y a quelque temps, dans une collection destinée à
avoir beaucoup de lecteurs, celle des Chefs-d'oeuvre des Conteurs
français (Charpentier, 3 vol. in-18, 1874).

Dans son Introduction aux Conteurs français du XVIIIe siècle, M. Ch.
Louandre écrit: «La croisade philosophique ne commence que vers 1750.
Diderot ouvre le feu par la Religieuse, et fait revivre toutes les
accusations des réformés: le célibat, le renoncement, l'ensevelissement
dans les cloîtres sont en contradiction avec les instincts les plus
profonds de l'âme humaine. Ils conduisent au désespoir, à la révolte
désordonnée des sens; ils violent la loi naturelle, et, bien loin de
faire des saints, ils ne font que des victimes. Cette thèse, développée
avec une verve éclatante, laissa dans les esprits une impression
profonde, et si l'on veut prendre la peine de comparer la Religieuse
et les discussions qui ont provoqué le décret de l'Assemblée
nationale(1), portant suppression des ordres religieux, on pourra se
convaincre que les législateurs ont en grande partie reproduit les
arguments du romancier.»

La Religieuse ne fut publiée qu'en l'an V (1796) de la République
française, et quoiqu'elle fût alors composée depuis trente-cinq ans,
elle s'était si peu répandue hors des sociétés du baron d'Holbach et de
Mme d'Épinay, que Grimm lui-même, en 1770, n'en parlait que comme d'une
ébauche inachevée et très-probablement perdue. Voilà donc toute la fable
de l'influence du roman sur les législateurs de 1790 à vau-l'eau.

Nous ne faisons pas cette rectification pour diminuer l'influence qu'a
pu exercer Diderot sur la Révolution. C'est, outre la préoccupation de
l'exactitude, parce que cette influence n'est pas, selon nous, celle
qu'on lui attribue trop généralement, par souvenir de l'identification,
tentée à un moment par La Harpe, de ses doctrines et de celles de
Babeuf.

À qui devons-nous connaissance de ce merveilleux ouvrage? nous ne le
savons: c'est le libraire Buisson qui l'imprima; mais d'où lui venait la
copie, il ne le dit pas. Il y joignit l'extrait de la Correspondance
de Grimm, qu'on a toujours placé depuis à la suite du roman, avec
raison, quoi qu'en ait pu penser Naigeon, auquel nous répondrons à ce
sujet.

Ce qui est vrai, c'est que l'effet produit avec ou sans l'addition de
Grimm fut prodigieux; que les éditions se multiplièrent dans tous les
formats, et que, malgré deux condamnations, en 1824 et en 1826, sous un
régime ouvertement clérical, elles n'ont pas cessé de se renouveler.
Nous citerons, outre celles de Buisson, in-8 de 411 pages, 1796, et,
même date, 2 volumes in-18, avec figures, celles de Berlin (Paris),
1797, in-12; Maradan, 1798, in 12, frontispice; 1799, in-8 , portrait et
figures gravés par Dupréel; 1804, 2 vol. in-8 avec figures de Le
Barbier (les mêmes que celles de l'édition de 1799); Taillard, 1822,
in-18; Pigoreau, 1822, in-12; Ladrange-Lheureux, 1822, in-12, portrait
et une figure, gravés par Couché fils; Ladrange, 1830, in-18; Hiard,
1831, in-18; 1832, in-18, figures; 1832, in-8 , figures; Rignoux, 1833,
in-18; Chassaignon, 1833, in-18, figures; 1834, in-18; 1841, in-18,
figures; Bry, 1849, in-4 , figures...; enfin celle: France et Belgique
(Bruxelles), 1871, in-12, portrait d'après Garand, gravé à l'eau-forte
par Rajon.

La Religieuse a été traduite en allemand(2), en anglais et en
espagnol.

Cette nomenclature prouve au moins une chose: c'est que, si tous les
livres ont leur destin, celui des chefs-d'oeuvre, malgré toutes les
persécutions, est de ne pas périr.

Nous appelons la Religieuse un chef-d'oeuvre, et c'est un
chef-d'oeuvre tel, qu'il ne peut être touché sans perdre une partie de
sa valeur et sans devenir même dangereux(3). Comment eût-on voulu que
Diderot s'arrêtât en chemin? Que voulait-il peindre? La vie des
cloîtres. Et il aurait laissé de côté une des formes de la maladie
hystérique qui en résulte si souvent, pour ne pas dire toujours? Les
cruautés, on peut les nier: elles se passent à huis clos et ne
transpirent que rarement (voir cependant Louis Blanc, Histoire de la
Révolution, t. III, p. 338, renvoyant au Mémoire de M. Tilliard avec
les notes de la soeur Marie Lemonnier, mémoire dont les journaux ont
publié des extraits vers 1845); mais la maladie parle, et toujours haut,
et elle réclame l'intervention d'un homme, qui n'est plus le prêtre,
mais le médecin. Si discret que soit celui-ci, avec quelque soin qu'on
le choisisse, il ne peut pas toujours trahir la science, sa véritable
maîtresse, et il parle. La Religieuse est la mise en action des idées
qui règnent dans l'admirable morceau sur les Femmes (voir tome II), et
l'on eût voulu que la bête féroce n'y jouât pas son rôle? On eût voulu
que Diderot se condamnât au lieu commun, bon pour La Harpe, de la
religieuse au coeur plein d'un amour mondain? Cela était impossible. La
seule chose possible était de toucher à ces matières avec discrétion,
avec prudence, et si l'on rapproche les passages où Diderot peint la
maladie de la supérieure dissolue de ceux de certains de ses ouvrages où
il n'avait pas à montrer autant de réserve, on ne pourra se refuser à
reconnaître qu'il a fait effort pour se maintenir dans les limites au
delà desquelles commence la licence, et qu'il ne les a pas même
atteintes. À l'ignorant, il n'apprend rien; à celui qui sait, il est
bien loin de tout dire.

Sur ce point particulier, Naigeon a dit des sottises, et ce n'était pas
à l'homme qui a ajouté les chapitres que nous avons marqués dans les
Bijoux indiscrets à se signer hypocritement devant une page, une
seule, à laquelle on ne peut reprocher que d'être au-dessous de la
réalité.

Fidèle à nos habitudes, nous rappellerons ici deux appréciations
contemporaines qui nous semblent des plus sensées. L'une est tirée de la
Décade philosophique. La seconde est d'un ami de Diderot, que nous
retrouverons: Jean Devaines. Nous donnerons celle-ci tout au long, parce
qu'elle est dans une tonalité excellente.

L'article de la Décade, sous le titre d'Extraits de la Religieuse,
est signé A(4). Il est enthousiaste.

«On a fort bien fait, dit-il, d'empêcher la publication d'un pareil
livre sous l'ancien régime; quelque jeune homme, après l'avoir lu,
n'aurait pas manqué d'aller mettre le feu au premier couvent de nonnes;
mais on fait encore mieux de le publier à présent; cette lecture pourra
être utile aux gens assez fous (car il en est) pour s'affliger de la
destruction de ces abominables demeures, et pour espérer leur
rétablissement.

«Ce singulier et attachant ouvrage restera comme un monument de ce
qu'étaient autrefois les couvents, fléau né de l'ignorance et du
fanatisme en délire, contre lequel les philosophes avaient si longtemps
et si vainement réclamé, et dont la révolution française délivrera
l'Europe, si l'Europe ne s'obstine pas à vouloir faire des pas
rétrogrades vers la barbarie et l'abrutissement.»

Quant à Devaines, son compte rendu parut d'abord dans les Nouvelles
politiques du 6 brumaire an V. Il le plaça ensuite dans son Recueil de
quelques articles tirés de différents ouvrages périodiques, an VII
(1799), recueil tiré d'abord à quatorze exemplaires par les soins de la
duchesse de Montmorency Albert Luynes, dans son château de Dampierre;
puis à plus grand nombre dans une édition également in-4 , destinée au
public.

Le voici:

«Une jeune fille est forcée par ses parents à prononcer des voeux. Ce
fonds est très-commun; mais ce qui ne l'est pas, c'est le motif qui
détermine la mère à sacrifier sa fille; c'est l'énergie du caractère de
celle-ci; c'est le genre de persécutions qu'elle éprouve; c'est surtout
cette idée si neuve et si philosophique de n'avoir fondé l'aversion
insurmontable de la religieuse pour son état, ni sur l'amour, ni sur
l'incrédulité, ni sur le goût de la dissipation. Si elle hait le
couvent, ce n'est pas parce qu'une passion le lui rend odieux, c'est
parce qu'il répugne à sa raison; ce n'est pas qu'elle soit sans piété,
c'est qu'elle est sans superstition; ce n'est pas qu'elle veuille vivre
dans la licence, c'est parce qu'elle ne veut pas mourir dans
l'esclavage.

«Pour que le tableau de la vie monastique en présentât toutes les
horreurs, l'infortunée passe successivement sous le despotisme de cinq
supérieures, dont l'une est artificieuse, la seconde enthousiaste, la
troisième féroce, la quatrième dissolue et la dernière superstitieuse.

«Ces portraits sont tous d'un grand maître; trois surtout rappelleront
souvent vos regards.

«Voyez celui d'une prieure dont la dévotion a attendri le coeur et
exalté la tête. Son éloquence est ardente; ses paroles celles d'une
inspirée; ses prières des actes d'amour. Les soeurs qu'elle juge dignes
d'une communication intime ressentent bientôt la même ferveur; elle leur
fait éprouver le besoin et goûter les charmes des consolations
intérieures; elle les échauffe, pleure avec elles, et leur transmet les
impressions célestes dont elle est enivrée. Quelquefois même son âme
devient languissante, aride, ne reçoit plus le don d'émouvoir; elle
comprend alors que Dieu se retire, que l'esprit se tait. Elle ne trouve
pas de force pour lutter contre cet état pénible; un trouble secret la
consume, la vie lui est à charge; elle conjure l'Être qu'elle adore, ou
de se rapprocher d'elle, ou de l'appeler à lui.

«Ceux qui ont lu quelques pages de sainte Thérèse, de saint François
de Sales, le Moyen court, les Torrents de Mme Guyon, y auront vu
les traits divers qui ont été réunis pour former la mystique idéale.

«Vous frémissez ensuite lorsque vous apprenez quels sont les tourments
qu'une supérieure, dont l'âme est atroce, le pouvoir sans bornes,
l'imagination infernale, peut faire subir à la religieuse qui a osé
invoquer la justice contre des serments arrachés par la violence. Le
cilice la déchire; la discipline fait couler son sang; ses vêtements
sont les lambeaux de la misère; sa nourriture est celle des plus vils
animaux; sa demeure, un caveau glacé; son sommeil est interrompu par des
cris sinistres. Accusée comme infâme, rejetée de l'Église comme
sacrilége, exorcisée comme possédée, ses compagnes la foulent sous leurs
pieds, et on la pousse au désespoir pour la déterminer au suicide.

«À cette peinture effrayante, succède le portrait d'une prieure
abandonnée à un vice honteux. Elle a jeté le désordre dans la
communauté, tyrannisé les vieilles recluses, perverti les jeunes soeurs;
elle emploie la ruse, la force et les larmes pour perdre une innocente.
Les commencements, les progrès, les suites de la séduction,
l'impétuosité des désirs, la douleur des refus, les fureurs de la
jalousie, tout ce qu'un esprit dépravé peut ajouter à des moeurs
infâmes, est rendu avec une chaleur si vive, qu'il ne sera guère
possible aux femmes de lire ce morceau, et que les hommes délicats
regretteront que l'auteur n'ait pas fait usage du talent avec lequel,
dans l'article Jouissance, de l'Encyclopédie, il a su exprimer, sans
offenser la pudeur la plus timide, toutes les délices de la volupté;
mais peut-être est-il au-dessus du pouvoir de l'art de voiler un genre
de corruption qui, isolant un sexe de l'autre, est le plus grand outrage
que puisse recevoir la nature; peut-être aussi l'artiste a-t-il pensé
que s'il diminuait la laideur du crime, il affaiblirait l'indignation.
Quoi qu'il en soit, la catastrophe est telle que les rigoristes peuvent
le souhaiter: la coupable passe de la débauche aux remords, des remords
au délire, et du délire à une fin funeste.

«Tout l'ouvrage est d'un intérêt pressant. La réforme qu'il aurait pu
opérer en France a précédé sa publication; mais, en retranchant quelques
pages qui lui sont étrangères, et dont je parlerai dans un moment, il
sera très-utile dans les pays où l'usage absurde et barbare de renfermer
des bourreaux avec des victimes subsiste encore.

«Cette production honore la mémoire de Diderot, et est une preuve de
plus de la beauté de son talent; elle a la pureté de celles qu'il n'a
point tourmentées. Les personnes qui ont eu le bonheur de vivre dans son
intimité savent que lorsqu'un ami, l'imprimeur, le temps le pressaient,
il faisait toujours bien; que lorsqu'il composait rapidement, rien ne
troublait la netteté de ses idées et n'altérait le charme de sa diction;
que ses défauts naissaient de ses corrections, et que la perfection, qui
quelquefois a prévenu ses voeux, s'est constamment refusée à ses
efforts.

«Ici, point d'enflure, d'obscurité, d'affectation; le sujet est simple,
les moyens naturels, le but moral; les personnages, les événements, les
discours sont si vrais, qu'on aurait été persuadé que les mémoires
avaient été écrits par la religieuse elle-même, sans conseil et sans
exagération, si l'éditeur ne nous eût détrompés.

«À la suite du volume, il publie l'extrait d'une correspondance qui nous
découvre qu'une plaisanterie de M. Grimm a été l'origine du roman de
Diderot.

«Il est bien étrange que l'éditeur n'ait pas senti qu'une plaisanterie,
hors de la société et à une grande distance du temps où elle a été
faite, paraîtrait très-insipide; que le public n'avait rien à gagner à
une pareille confidence, et qu'il était déraisonnable, sous tous les
rapports, de lui déclarer que ce qu'il avait pris pour une vérité
n'était qu'une fiction.

«Il faut espérer que dans une autre édition l'on supprimera une
explication qui détruit le plaisir du lecteur, l'utilité du livre et
l'illusion précieuse que l'auteur avait créée avec autant de soin que de
succès.»

C'est cette même opinion que Naigeon aussi a soutenue. Nous avons déjà
dit que nous la combattrions; nous le ferons quand il en sera temps,
c'est-à-dire quand on aura lu le roman et sa préface-annexe jusqu'au
bout.

On verra d'ailleurs que nous avons eu pour cette annexe une copie
nouvelle qui, sans en changer le caractère, en explique mieux la
nécessité.

Il nous resterait à donner quelques détails sur le héros de cette
aventure, le bienfaiteur qu'on implore et qui ne se laisse pas implorer
en vain, M. le marquis de Croismare. On le connaîtra au mieux si, après
avoir lu ce qu'en dit Grimm, on lit les nombreux passages où il est
question de lui dans les Mémoires de Mme d'Épinay, et surtout le
portrait qu'elle en a tracé dans le chapitre VI de la seconde partie
(édition P. Boiteau).

Quelques renseignements supplémentaires peuvent cependant être bons à
réunir pour quelques lecteurs.

Le Dictionnaire de la Noblesse, de la Chenaye des Bois, l'appelle
Marc-Antoine-Nicolas de Croismare, écuyer, seigneur, patron et baron de
Lasson. Il était chevalier de Saint-Louis, capitaine au régiment du Roi,
infanterie. Il avait épousé, en 1735, Suzanne Davy de la Pailleterie
dont il eut un fils qui mourut jeune et une fille, celle dont il est
parlé dans l'annexe à la Religieuse. Il avait un frère, Louis-Eugène,
qui, continuant le service militaire, devint maréchal de camp après la
campagne d'Allemagne, en 1752. C'est à celui-ci que paraît se rapporter
la notice de l'Armorial du Bibliophile, 2e partie, p. 174.

Croismare, ou plutôt Croixmare, lieu d'origine de la famille, est un
village du canton de Pavilly, arrondissement de Rouen. Mais notre
marquis, de la branche de la Pinelière et de Lasson, habitait, quand il
n'était pas à Paris, son château de Lasson, situé près de Creully, dans
l'arrondissement de Caen. De là, il correspondait avec les artistes et
les gens de lettres de son temps. Georges Wille, le graveur, dans son
Journal, consigne, à la date du 29 mai 1760: «Reçu un couteau
magnifique en présent, de la part de M. le marquis de Croismare. Il me
l'a envoyé de Normandie.» Grimm, dans sa Correspondance (1er juin
1756), enregistre deux sujets de pastels commandés au jeune Mengs, alors
à Rome, par le marquis satisfait des travaux du même artiste qu'il avait
vus chez le baron d'Holbach. C'était donc un de ces amateurs distingués,
comme il y en avait plusieurs à cette époque, et, quoiqu'il fût «d'une
laideur originale, cette laideur, dit de lui Galiani, était charmante et
caractéristique.»

Dans les Curiosités littéraires de M. Lalanne (p. 351-52), le marquis
de Croismare est donné comme le fondateur d'un ordre burlesque, celui
des Lanturlus (refrain qui servit à nombre de chansons pendant près
d'un siècle, de 1629 à la Régence). Il en fut, selon cet auteur, grand
maître, et Mme de la Ferté-Imbault, fille de Mme Geoffrin, grande
maîtresse. Cependant M. Dinaux, dans son histoire des Sociétés badines,
galantes et littéraires, ne le nomme même pas parmi les dignitaires de
cet ordre. Il est vrai que M. Dinaux ne commence son histoire que vers
1775, époque où fut nommé chevalier grand-maréchal de l'ordre le comte
de Montazet. À cette date, le marquis de Croismare était mort depuis
deux ans, puisque Galiani lui a fait une sorte d'oraison funèbre en
1773.

Le marquis de Croismare avait un cousin plus jeune que lui, qui, d'après
le Mercure de France, mourut la même année, le 22 mars. C'était le
comte Jacques-René de Croismare, chevalier grand-croix de l'ordre royal
et militaire de Saint-Louis, lieutenant général des armées du Roi et
gouverneur de l'École royale militaire. C'est à lui qu'est adressée la
première lettre de la religieuse (dans l'annexe de Grimm), laquelle
écrit Croixmar.

La date de la composition de la Religieuse résulte non-seulement des
faits consignés dans la préface-annexe, mais d'une lettre écrite, le 10
septembre 1760, par Diderot, à Mlle Voland, lettre dans laquelle il lui
dit: «J'ai emporté ici (à la Chevrette, chez Mme d'Épinay) la
Religieuse, que j'avancerai, si j'en ai le temps.»

M. Dubrunfaut, l'un des amateurs d'autographes les plus éclairés de
notre époque, a bien voulu, parmi plusieurs pièces intéressantes, nous
communiquer une copie de ce roman. Cette copie, malheureusement
très-incomplète, nous a fourni cependant quelques variantes, mais pour
les premières pages seulement. Nous avons, comme précédemment, fait
usage, sans les signaler, de celles qui nous paraissaient préférables à
l'ancien texte, ne rappelant en note que celles dont l'importance ne
commandait pas l'adoption.

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Denis Diderot. (1713-1784) NOTICE PRÉLIMINAIRE.
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