ACTE 4 SCENE 9
Le comte de Kent, Norclète, Helmonde
Oswald, soldats de sa suite.
Oswald.
Qui demeure en ces lieux ?
Norclète.
Moi.
Oswald.
Votre nom ?
Norclète.
Norclète.
Oswald, montrant le comte.
Quel est cet étranger ?
Norclète.
Cherchant une retraite,
Il a trouvé ce toit : je me suis acquitté
Des devoirs naturels de l' hospitalité.
Oswald, en montrant Helmonde.
Cette fille?
Norclète.
Est la mienne.
Oswald.
On dit que ces bois sombres
Cachent un fugitif égaré sous leurs ombres.
Helmonde.
Quel est ce fugitif ?
Oswald.
Léar.
Helmonde.
Ah ! Ses malheurs
Auront fini ses jours réservés aux douleurs.
Oswald.
Auriez-vous de sa mort entendu la nouvelle ?
Helmonde.
Le bruit en a couru ; je le crois trop fidèle.
Oswald, à ses soldats.
Remplissons nos devoirs : sous ce long souterrain
Voyez, cherchez par-tout, vos flambeaux à la main.
Les soldats allument leurs flambeaux à une
lampe qui brûle dans la caverne ; Oswald
descend avec eux dans la partie intérieure
du fond, et ils en visitent tous les détours.
Helmonde, au comte de Kent, à voix basse, en
Tremblant.
Ils vont tout observer sous ces voûtes secrètes.
Le Comte, aussi à voix basse.
Dérobez et la crainte et le trouble où vous êtes.
Helmonde.
Grands dieux ! Vous m' entendez !
Norclète.
Ah ! Malgré moi je sens
La terreur me saisir, et glacer tous mes sens.
Oswald.
Aux soldats qui reviennent avec lui.
Léar n' est point ici. Sortons.
À Norclète.
Vieillard, écoute :
Si Léar, par ses pleurs, sous cette horrible voûte,
Vient implorer la nuit, tremblant, saisi d' effroi,
La grace d' y fouler ces roseaux près de toi,
Sois sourd à sa prière, et demeure inflexible.
Helmonde.
Il est donc menacé d' un péril bien terrible?
Oswald.
Si jamais Cornouaille est maître de son sort...
Helmonde.
Eh bien ! Son traitement, quel sera-t-il ?
Oswald.
La mort.
Helmonde.
Elle tombe évanouie entre les bras de Norclète.
Oswald, regardant Helmonde.
Sa douleur m' est suspecte et me cache un mystère.
À ses soldats.
Qu'on l'emmène.
Le Comte, en tirant son épée.
Arrêtez!
Oswald.
Que prétendez-vous faire ?
Le Comte.
Je la défendrai seul.
Oswald.
Tes efforts seront vains.
Soldats, sans plus tarder, tirez-la de ses mains.
Le Comte.
Osez-vous bien, cruels ! ...
Oswald.
Obéissez sur l' heure.
Le Comte.
Avant qu' on me l'arrache, il faudra que je meure.
Mes bras, mes faibles bras, sur son corps attachés...