Nuit sacrée
Nuit sacrée, de chair triomphante!
Je te bois, je te respire comme une terre desséchée
s'abreuverait d'une source jaillie par miracle. Et, à travers
toi, c'est mon extase que je berce, calme, endors.
Un jour, tu diras en songeant à cette joie des sens: « Folie
de jeunesse ».
Mais moi, revêtu d'ombre et de silence, je ressusciterai
d'entre les morts. Et mon âme, encore désireuse, élancée à la
cime des ifs, écoutera le chant triste de l'oubli, ce blâme
ingrat du souvenir.