Paradis
Ton nom
Ton nom, je le murmure en moi-même, comme si c'était
une prière.
Il n'a pas traversé les mers; il ne s'est gravé sur aucun
tableau.
Il est simple, doux, riche de syllabes liquides et
mielleuses.
Il fait songer à un lac paisible qui dort sous le jeu des
étoiles.
Jamais pêche plus tendre ne fondit dans une bouche.
Il n'est point de rose qui, sous des lèvres, connut un aussi
passionné frémissement.
Il a jailli dans un rire sur mes dents claquantes d'ivresse.
Il a pleuré dans mon coeur qui implorait.
Un jour, il est entré dans la grande familiarité de moi-
même.
Moi seul le connais bien puisque je l'ai prononcé dans la
joie et la douleur.
Un rien - le pâle objet qui remplace la présence illuminée
le fait remonter parfois de mes profondeurs. Il revient, lustré
des caresses du coeur où il dormait, caché dans un pli.