L'aurore boréale
Quand la nuit se fait belle au bord du St-Laurent,
Voyez-vous quelquefois au fond du firmament,
Courir ces météores,
Fantômes lumineux, esprits nés des éclairs,
Qui dansent dans la nue, étalant dans les airs
Leurs manteaux de phosphores?
Parfois, en se jouant, ils offrent à nos yeux
Des palais, des clochers, des dômes radieux,
Des forêts chancelantes,
Des flots d'hommes armés pressant leurs bataillons,
Des flottes s'engouffrant dans les vastes sillons
Des ondes écumantes.
Mais tandis qu'admirant leurs jeux toujours nouveaux,
Votre âme s'intéresse aux magiques travaux
De leurs essaims sans nombre,
À vos regards charmés se dérobant, soudain,
Comme un léger brouillard sous les feux du matin,
Ils s'effacent dans l'ombre.
Et vous, peuples heureux des bords du St-Laurent,
Quand la nuit vous verrez, au fond du firmament,
Courir les météores,
N'oubliez pas, amis, que nos jours sont comptés
Et s'enfuiront soudain comme sont emportés
Ces mobiles phosphores.