Rêve et Philosophie
A l'ami RENARD
4 janvier 1910
Sur le tertre jauni, par les brumes d'automne
Le paysan lassé se repose un instant ;
Et fixant son regard, vers le soleil couchant
Il rêve au lendemain que le soir emprisonne
Et sur le sol creusé, par le socle brutal
Il pose ses outils, encore salis de terre ;
Et son âme à l'instant semble moins solitaire
Son coeur vibre à présent d'un amour moins banal.
Devant ce beau décor, fait de lumière et d'ombre
Il reste confondu ; tandis qu'au vieux clocher
L'Angélus sonne l'heure, où le tendre berger
Franchit le seuil étroit de sa demeure sombre
Puis reprenant sa route, il chemine en pensant
Que l'homme est, ici bas, fait pour vivre de rêves ;
Et si, du vrai bonheur, les heures sont trop brèves
A qui sait vivre heureux, le bonheur est si grand !
Honoré HARMAND