Mariage en deuil
Pour le mariage de René et Hélène
Le 2 novembre 1940
Mes chers enfants j'avais, pour votre mariage,
D'écrire quelques mots conçu le cher projet.
Je dus recommencer vingt fois la même page
Et je dus m'arrêter à moitié du trajet.
Pour certains l'hyménée est un jardin de roses,
Par tous les amoureux un instant parcouru ;
Mais ils n'attendent pas que ces fleurs soient écloses
Et, respirent, en vain, leur parfum disparu.
Vous n'êtes pas ainsi, car j'ai lu dans votre âme
Et vous semblez, vraiment, tendrement vous aimer.
Faites donc que jamais ne s'éteigne la flamme
Au foyer que le Temps ne saurait consumer.
Nul ne peut résister au chagrin qui le tue.
Nous avons, plus ou moins, des deuils à déplorer.
Croyez que ce jour là, si ma Muse s'est tue,
C'était pour éviter de vous faire pleurer.
Souvenez-vous toujours ce « Ceux » qui dans l'exode
Ont vu venir la Mort par le même chemin.
Leur amour, dans vos coeurs, aura l'accent d'une ode :
Le vôtre, chers enfants, toujours un lendemain.
Honoré HARMAND