Orgueil de mère
10 janvier 1947
Dans son berceau bébé repose
Et, se penchant pour l'admirer
Comme on cueille une fleur éclose
La mère cueille un doux baiser
C'est son bonheur, toute sa vie
Qu'elle attache à l'enfant qui dort.
L'âme de femme est asservie
Au paroxysme de l'effort.
Elle retrouve les images
De la sainte Nativité
Lorsque devant l'humanité
Venaient se prosterner les Mages
Elle est heureuse que son sein,
Cette source jamais tarie,
Ait, du désir que l'on envie
Retracé le plus beau dessin
C'est d'un regard tendre et farouche
Qu'elle suit son geste indécis
Quand il affronte les soucis
A l'âge où le malheur le touche.
Elle est fière quand son enfant
Est épargné par la tempête
Et qu'il revient, dressant la tête
Près d'elle en guerrier triomphant.
Alors très fort elle l'embrasse,
Gage puissant d'un pur amour
Qu'elle dépense chaque jour ;
Beau geste dont elle ne se lasse.
Elle vieillit et chaque soir
S'endort, simplement, satisfaite
D'une tâche noble et parfaite :
Celle, puissante, du devoir.
Honoré HARMAND