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 Louis Fréchette (1839-1908) Au poète national américain Longfellow

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Louis Fréchette (1839-1908) Au poète national américain Longfellow Empty
MessageSujet: Louis Fréchette (1839-1908) Au poète national américain Longfellow   Louis Fréchette (1839-1908) Au poète national américain Longfellow Icon_minitimeVen 19 Avr 2013 - 18:57

Au poète national américain
Longfellow



À l'occasion d'un voyage en Europe.
Un soir, tu t'envolas comme l'oiseau de mer
Dont le coup d'aile altier marque le gouffre amer;
Et moi, debout sur la colline,
Murmurant à la brise un chant d'Hiawatha,
Longtemps je regardai le flot qui l'emporta,
Ô doux chantre d'Évangéline!

Comme on voit l'astre d'or, plongeant au sein des eaux,
Laisser derrière lui de lumineux réseaux,
Dorer les vagues infinies,
Quand ta barque sombrait à l'horizon brumeux
On entendit longtemps sur l'abîme écumeux
Flotter de douces harmonies.

Tu caressais ton luth d'un doigt mélodieux,
Ô barde ! et je t'ai vu d'un long regard d'adieux
Embrasser nos rives aimées,
Rêvant pour ton retour d'immortelles moissons
De poèmes ailés, de sublimes chansons
Et de légendes parfumées.

Tu partis et longtemps ta lyre résonna
Des vallons de Kildare aux penchants de l'Etna,
Sur le Danube et sur la Loire;
Et, brillante fanfare ou fier coup de canon,
La brise qui passait nous apportait ton nom
Dans un long murmure de gloire!

Dans ces pays dorés où l'art a des autels,
Tu passais, sachant tous les fronts immortels
De l'Europe en grands noms féconde;
Et, de Rome à Paris, de Londres à Guernesey,
Les maîtres t'acclamaient, rival improvisé
Qui surgissais du nouveau monde...

Mais, comme une aile blanche ouverte dans le vent,
J'ai vu poindre une voile aux lueurs du Levant,
Dans un rayonnement féerique!
Le bronze de Cambridge a grondé dans sa tour;
Et, dans son noble orgueil, d'un long frisson d'amour
Tressaille la jeune Amérique!

Écoutez! - mille voix s'élèvent dans les airs.
De la cité vivante et du fond des déserts
Monte une immense symphonie.
Écoutez ces accents par la brise portés
Des bords de la Floride aux coteaux enchantés
De la blonde Pennsylvanie!

Des gorges du Catskill au rivage lointain
Où le vieux Missouri, dans son cours incertain,
Roule ses eaux couleur d'orange;
Sous les arceaux touffus des grands bois ténébreux,
Au bord des lacs géants et des bayous ombreux,
S'élève une cantate étrange.

Hosanna! ces rumeurs, ces chants mystérieux,
C'est un monde hélant son barde glorieux;
Car le flot dont tu t'environnes,
Ô vieux roc de Plymouth, berce encor ton enfant,
Poète bien-aimé qui revient triomphant,
Le front tout chargé de couronnes.

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