II
À quelque temps de là, sous le souffle des brises
Qui venaient arrondir ses larges voiles grises,
Un navire fendait les eaux du Saint-Laurent.
Debout et l'oeil tourné vers la rive chérie,
Un guerrier adressait à sa triste patrie
Cet adieu déchirant:
« Le vent s'élève et gémit sur la plage;
« La voile s'enfle, il faut partir, hélas!
« Que n'ai-je pu trouver sur ce rivage,
« Dans la victoire un glorieux trépas!
« Ô Canada! ma seconde patrie,
« J'ai ceint le fer pour défendre tes droits;
« J'ai combattu pour ta cause chérie,
« Et j'ai l'exil pour prix de mes exploits!
« À Carillon, la victoire fidèle,
« Comme toujours sourit à nos drapeaux;
« Près d'Abraham, j'abritai sous son aile,
« De nos lys d'or les glorieux lambeaux.
« Ô Canada! ma seconde patrie,
« J'ai ceint le fer pour défendre tes droits;
« J'ai combattu pour ta cause chérie,
« Et j'ai l'exil pour prix de mes exploits!
« Adieu, patrie! adieu, vous tous, mes braves,
« Que je guidai sur le champ de l'honneur!
« N'allez jamais, comme de vils esclaves,
« Courber vos fronts sous un joug oppresseur!
« En te quittant, ma seconde patrie,
« Oh! que ne puis-je encor venger tes droits!
« Verser mon sang pour ta cause chérie,
« Et te sauver par de nouveaux exploits! »