IV
Jolliet! Jolliet! doux siècles de conquêtes,
Deux siècles sans rivaux ont passé sur nos têtes,
Depuis l’heure sublime où, de ta propre main,
Tu jetas, d’un seul trait, sur la. carte du mon de
Ces vastes régions, zone immense et féconde,
Futur grenier du genre humain!
Deux siècles sont passés depuis que ton génie
Nous fraya le chemin de la terre bénie
Que Dieu fit avec tant de prodigalité,
Qu’elle garde toujours dans les plis de sa robe,
Pour les déshérités de tous les coins du globe,
Du pain avec la liberté!
Oui, deux siècles ont fui. La solitude vierge
N’est plus là! Du progrès le flot montant submerge
Les vestiges derniers d’un passé qui finit.
Où le désert dormait grandit la métropole;
Et le fleuve asservi courbe sa large épaule
Sous l’arche aux piliers de granit!
Plus de forêts sans fin: la vapeur les sillonne!
L’astre des jours nouveaux sur tous les points rayonne
L’enfant de la nature est évangélisé;
Le soc du laboureur fertilise la plaine;
Et le surplus doré de sa gerbe trop pleine
Nourrît le vieux monde épuisé!