Rappel du premier message :
Chapitre VIII
D'après ce qui précède, on peut voir que j'avais pour la
poésie, sinon de grandes aptitudes, du moins un goût très
prononcé, qui m'aurait permis peut-être de produire quelque
chose de sérieux, si je me fusse trouvé dans un milieu plus
favorable. Je voyais les choses étrangement, et comme
enveloppées dans une atmosphère de rêve. Le moindre
incident, les banalités les plus vulgaires de la vie revêtaient
dans ma pensée, soit une auréole dorée, soit un aspect
grandiose ou sévère qui ébranlaient ma sensibilité nerveuse.
Cependant les effluves de la poésie n'étaient pas les seuls à
hanter mon cerveau. D'autres visions d'art s'y manifestaient
avec moins de persistance peut-être, mais tout aussi
vivement. Une peinture, un dessin, un croquis
m'enthousiasmaient. Rien ne m'intéressait plus qu'une
feuille de papier avec un crayon. Alors je dessinais des
vaches, des chiens, des oiseaux, des poissons, et surtout des
bâtiments et des chevaux.