ACTE 2 SCENE 7
Théotime, Mélanie.
Théotime.
Ma soeur, le ciel lui-même
S'apprête à vous entendre, à calmer vos ennuis...
Mélanie avec modestie.
Je connois ma foiblesse, et le peu que je suis;
J'ai besoin du secours de la faveur céleste,
L'homme toujours éprouve une guerre funeste,
Mon pere; je sais trop qu'à nos sens attachés,
Nous sommes sur l'abîme incessamment penchés;
Mais le sort d'une soeur dont je ressens la peine,
Est aujourd'hui l'objet, qui devant vous m'amène;
C'est elle dont la voix vous demande en ces lieux;
Hélas! Qu'elle vous doive un destin plus heureux!
Une sombre langueur se répand sur sa vie;
Je viens vous implorer pour cette soeur chérie,
Digne d'aimer un dieu, qui voit couler ses pleurs;
Son coeur, né trop sensible, a fait tous ses malheurs.
C'est à vous d'éclairer, de consoler son ame,
D'élever ses transports sur des aîles de flamme,
Vers ce dieu qui mérite et qui remplit nos voeux;
Daignez lui présenter la clémence des cieux;
Mon père, pardonnez, si ma main téméraire
Touche au flambeau sacré, qui par vous nous éclaire;
Mais je connois ma soeur; facile à s'alarmer...
Qu'elle espère en ce dieu, que vous faites aimer.
De la religion voilà bien le langage!
Malheur au zèle impie, au coeur dur et sauvage,
Qui ne pouvant chérir un dieu plein de bonté,
Arme toujours le ciel contre l'humanité!