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 Jacques Bénigne Bossuet (1627-1704) CHAPITRE I de l' ame. V

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MessageSujet: Jacques Bénigne Bossuet (1627-1704) CHAPITRE I de l' ame. V   Jacques Bénigne Bossuet (1627-1704)  CHAPITRE I  de l' ame. V Icon_minitimeMar 17 Avr - 0:40

V.
Des sens extérieurs et intérieurs, et plus en
particulier de l' imagination.
Voilà ce qui a donné lieu à la célèbre distinction des
sens extérieurs et intérieurs.
On appelle sens extérieur celui dont l' organe
paroît au dehors et qui demande un objet externe
actuellement présent.
Tels sont les cinq sens que chacun connoît ; on voit
les yeux, les oreilles et les autres organes des
sens ; et on ne peut ni voir, ni ouïr, ni sentir en
aucune sorte, que les objets extérieurs dont ces
organes peuvent être frappés, ne soient en présence
en la manière qu' il convient.
On appelle sens intérieur celui dont les organes
ne paroissent pas, et qui ne demande pas un objet
externe actuellement présent. On range ordinairement
parmi les sens intérieurs cette faculté qui réunit
les sensations, c' est-à-dire le sens commun, et celle
qui les conserve ou les renouvelle, c' est-à-dire
l' imaginative.
On peut douter du sens commun, parce que ce sentiment
qui réunit, par exemple, les diverses sensations que le
feu nous cause et les rapporte à un seul objet, se
fait seulement à la présence de l' objet même, et dans
le même moment que les sens extérieurs agissent. Mais
pour l' acte d' imaginer, qui continue après que les
sens extérieurs cessent d' agir, il appartient sans
difficulté au sens intérieur.
Il est maintenant aisé de bien connoître la nature
de cet acte, et on ne peut trop s' y appliquer.
La vue et les autres sens extérieurs nous font
apercevoir certains objets hors de nous ; mais outre
cela nous les pouvons apercevoir au dedans de nous,
tels que les sens extérieurs les font sentir, lors
même qu' ils ont cessé d' agir ; par exemple, je fais
ici un triangle, et je le vois de mes yeux. Que je
les ferme, je vois encore ce même triangle
intérieurement tel que ma vue me l' a fait sentir, de
même couleur, de même grandeur et de même situation :
c' est ce qui s' appelle imaginer un triangle.
Il y a pourtant une différence ; c' est, comme il a
été dit, que cette continuation de la sensation
se faisant par une image, ne peut pas être si vive
que la sensation elle-même, qui se fait à la présence
actuelle de l' objet, et qu' elle s' affoiblit de plus
en plus avec le temps.

Cet acte d' imaginer accompagne toujours l' action des
sens extérieurs. Toutes les fois que je vois,
j' imagine en même temps ; et il est assez malaisé de
distinguer ces deux actes dans le temps que la vue
agit ; mais ce qui nous en marque la distinction, c' est
que même en cessant de voir, je puis continuer à
imaginer ; et cela, c' est voir encore en quelque façon
la chose même, telle que je la voyois lorsqu' elle
étoit présente à mes yeux.
Ainsi nous pouvons dire en général qu' imaginer une
chose, c' est continuer de la sentir, moins vivement
toutefois et d' une autre sorte que lorsqu' elle étoit
actuellement présente aux sens extérieurs.
De là vient qu' en imaginant un objet, on l' imagine
toujours d' une certaine grandeur, d' une certaine
figure, avec de certaines qualités sensibles,
particulières et déterminées ; par exemple, blanche ou
noire, dure ou molle, froide ou chaude ;
et cela en tel et tel degré, c' est-à-dire plus ou
moins, et ainsi du reste.
Il faut soigneusement observer qu' en imaginant, nous
n' ajoutons que la durée aux choses que les sens nous
apportent : pour le reste l' imagination, au lieu d' y
ajouter le diminue, les images qui nous restent de la
sensation n' étant jamais aussi vives que la sensation
elle-même.
Voilà ce qui s' appelle imaginer ; c' est ainsi que
l' ame conserve les images des objets qu' elle a sentis,
et telle est enfin cette faculté qu' on appelle
imaginative.

Et il ne faut pas oublier que lorsqu' on l' appelle sens
intérieur en l' opposant à l' extérieur, ce n' est pas
que les opérations de l' un et de l' autre sens ne se
fassent au dedans de l' ame ; mais, comme il a été dit,
c' est, premièrement, que les organes des sens
extérieurs sont au dehors, par exemple les yeux, les
oreilles, la langue et le reste ; au lieu qu' il ne
paroît point au dehors d' organe qui serve à imaginer ;
et secondement, que quand on exerce les sens
extérieurs, on se sent actuellement frappé par l' objet
corporel qui est au dehors, et qui pour cela doit être
présent ; au lieu que l' imagination est affectée de
l' objet, soit qu' il soit ou qu' il ne soit pas présent,
et même quand il a cessé d' être absolument, pourvu
qu' une fois il ait été bien senti. Ainsi je ne puis
voir ce triangle dont nous parlions, qu' il ne soit
actuellement présent ; mais je puis l' imaginer, même
après l' avoir effacé ou éloigné de mes yeux.
Voilà ce qui regarde les sens, tant intérieurs
qu' extérieurs, et la différence des uns et des autres.
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