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 Louis Bouilhet. (1822-1869) L’Abbaye. III

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MessageSujet: Louis Bouilhet. (1822-1869) L’Abbaye. III   Louis Bouilhet. (1822-1869) L’Abbaye.  III Icon_minitimeSam 21 Avr - 17:20

III
Voilà que tout à coup, dans l’air, autour de moi,
Sur mon front, sous mes pieds tout chancelants d’effroi,
Un changement se fit, -énorme et sans exemple:
La chapelle à grand bruit s’abîma dans le temple!
Et le temple lui-même, avec ses cent piliers,
Ses cent lustres pendus à ses cent madriers,
Sa voûte formidable où l’encens fait des ondes,
Son orgue, au loin, tonnant sur les foules profondes,
Dans toute sa grandeur, comme au jour qu’il est né,
Parut debout, vivant, terrible, illuminé!...

À deux pas de l’autel, sous le banc des chanoines,
Fume, dans l’air glacé, le troupeau gras des moines
Qui tous, la corde aux reins et le capuce au front,
Songent aux espaliers où les fruits mûriront,
Et, les yeux demi-clos, ruminent les histoires
Des longs repas servis dans les grands réfectoires,
Quand le carillon clair s’élance jusqu’au ciel
Pour quelque épiphanie ou pour quelque Noël.
Seul, au plus haut du choeur, dans ses habits de fête,
Sous un dais de brocart, crosse en main, mitre en tête,
L’abbé, de son fauteuil dont les deux bras sont d’or,
Se soulève à moitié pour le Confiteor;
Et, promenant partout son regard pacifique,
Dans un redoublement d’encens et de musique,
Au peuple, par bonté, se laisse voir un peu,
Rose comme une vierge -et calme comme un dieu.

Et là-bas, tout là-bas, comme au fond d’un abîme,
Laboureurs et manants sur qui pèse la dîme,
Garde-chasses étranglés dans l’étroit hoqueton,
Maigres pasteurs, debout sous leurs peaux de mouton,
Bons archers guerroyant pour les droits de l’église,
Tous ceux qu’au même joug la misère égalise,
Contemplent, éperdus ainsi que des enfants,
Les beaux surplis brodés, les drapeaux triomphants,
Les vitres de couleur d’où les saints vous regardent;
Si bien que le temps pèse et que les heures tardent
Pour s’en aller, plus haut que le séjour mortel
Oublier leur néant, dans la grandeur du Ciel!...

Les hymnes, cependant, sous la nef emportées
S’élargissent au loin, par cent voix répétées,
Et, du portail plein d’ombre au choeur étincelant,
Dans l’écho des piliers remontent en roulant, --
Choc des vents déchaînés, bond d’une mer immense,
Bruit qui tantôt s’arrête et tantôt recommence
Selon le rhythme antique -ou l’ordre souverain
Du chantre aux grands poumons qui mugit au lutrin.
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Louis Bouilhet. (1822-1869) L’Abbaye. III
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