PLUME DE POÉSIES
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 Berthe De Buxy. (1863-1921) V

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Berthe De Buxy. (1863-1921) V Empty
MessageSujet: Berthe De Buxy. (1863-1921) V   Berthe De Buxy. (1863-1921) V Icon_minitimeLun 30 Avr - 16:10

V

Qu'était-il arrivé à Aube? Quel rêve étrange avait-elle fait? Il
lui sembla, d'abord, qu'elle revenait lentement, avec effort, à
la surface d'un grand abîme dans lequel elle était tombée. Oui,
elle était tombée, c'était cela même; la chute lui avait paru
profonde, profonde, sans fin. Mais d'où était-elle tombée? Où
était-elle? Elle n'en savait rien, c'était une chose qui n'avait
pas eu de commencement et dont elle ne comprenait pas la fin;
elle savait simplement que tout était encore noir autour d'elle.

Alors, elle voulut passer la main sur son front pour éclaircir
ses doutes, elle ne put remuer le bras et souffrit à crier. Elle
ouvrit péniblement les yeux. Oh! son rêve n'était pas fini. Ne se
figurait-elle pas être couchée dans une chambre toute fraîche,
meublée de hêtre blanc et de bambou, aux rideaux écrus ornés de
coraux rouges? Et elle croyait, oui, elle s'imaginait voir des
branches chargées de petites roses rouges contre la fenêtre, une
grande glace longue encadrée de bambou reflétait avec ces roses
un morceau du ciel et un pan du moulin avec sa niche suspendue.

C'était bizarre. Aube n'était jamais venue dans cette pièce, et
elle en connaissait l'ameublement par le menu. Elle voulut
étendre la main pour toucher les rideaux, et la douleur se raviva
si aiguë que, de l'épaule, elle gagna tout son corps.

Et elle reconnaissait aussi les personnes qui l'entouraient: Mme
Droy et Stéphanie très pâles, Gillette dont toute la fraîcheur
rose était partie et qui était presque de la couleur de ses
cheveux. Il y avait des trépignements derrière la porte, une voix
qui criait à travers des sanglots sourds: je veux! je veux
entrer.

Et c'était la voix de Camille.

Le front d'Aube était baigné d'une eau aromatique qui sentait
très fort et très bon. Il lui sembla que cette odeur pénétrante
était la seule chose qui la retînt en vie, qui l'empêchât de
s'abîmer de nouveau dans le néant d'où elle sortait, au bord
duquel son âme vacillante hésitait encore.

Mais ses yeux rencontrèrent ceux de Gillette. Gillette
tressaillit des pieds à la tête; elle s'abattit sur le lit près
d'Auberte; Gillette, l'imperturbable Gillette se mit à sangloter
convulsivement, répétant à l'infini dans ses larmes: Elle vit,
elle vit, elle vit...

-Elle vit, répétèrent d'autres voix altérées.

Cette agitation ne gagnait point Auberte: elle savait à peine si
c'était d'elle qu'on parlait. Pourquoi montrait-on tant
d'étonnement à la voir vivante? Avait-elle donc été morte? Elle
eut une grande défaillance et murmura:

-Je tombe encore... je tombe.

Mme Droy la souleva dans ses bras pour donner à cette tête
tourmentée de vertige l'appui ferme de son épaule. On annonça le
médecin et c'était le docteur Amaux, le médecin de Menaudru. En
revoyant cette figure revêche et rasée, Aube se sentit ramenée un
peu dans la vie ordinaire; le docteur était un être connu de son
monde à elle, et sa voix allait mettre fin à tout ce brumeux
cauchemar.

Mme Droy, Stéphanie, Gillette demeurèrent dans la chambre. Le
docteur examina Aube en répondant aux questions anxieuses de Mme
Droy par petites phrases sèches et coupantes comme sa personne.

-Oui, Mme de Menaudru est absente, à Vichy, et qui mieux est,
elle ne pourrait pas revenir. Le docteur venait d'être informé
par un télégramme que M. de Menaudru avait été pris d'une de ses
plus violentes crises de foie. Quand le domestique de la maison
avait rencontré le docteur, celui-ci montait précisément avertir
Mlle de Menaudru que son frère, retenu par la maladie du Comte,
ne rentrerait pas avant quelques jours.

-Vous la garderez, conclut-il délibérément. Rien d'autre à
faire.

Mme Droy, qui tenait dans ses mains les petits doigts glacés
d'Auberte, baisa à la dérobée les cheveux humides de l'enfant
comme si elle confirmait dans son coeur, et d'une façon plus
tendre, l'arrêt porté par le médecin.

-Ah! nous y voilà, ce n'est rien du tout, ne nous pâmons pas,
poursuivit le docteur.

Ces derniers mots s'adressaient peut-être à Aube qui venait de
pousser un gémissement.

-Elle aurait pu tomber du clocher sans plus de dommage. Comment
voulez-vous que des os si souples et si légers se brisent plus
qu'un duvet?

Quoi qu'il en fût, Aube avait l'épaule démise et il fallait la
lui remettre ainsi que l'annonça vivement le docteur.

Soudain, au milieu de ces étrangers, dans cette maison inconnue
où elle allait avoir une grande souffrance physique à affronter,
et en pensant à sa mère loin, si loin, dans l'impossibilité de
revenir, Aube eut peur; une impression amère de délaissement
tomba sur elle à se sentir ainsi séparée de tous ceux qui
l'aimaient, échouée sans force, impuissante, sur ce lit
d'emprunt, entre ces gens qui l'avaient en leur pouvoir, à leur
merci, et qui faisaient autour d'elle d'inquiétants préparatifs,
qui prenaient des dispositions comme s'il s'agissait de quelque
sanglant sacrifice dont Aube allait être la victime. Par le geste
qui lui était familier devant tous les périls, Aube ramena son
bras droit sur son visage pour s'en voiler les yeux.

Cependant le docteur, en bon général, avait placé ses aides de
camp en leur donnant les plus minutieuses instructions sans
oublier l'ordre de ne point se pâmer.

Que personne ne se pâme... C'était le souci dont il avait
contracté l'habitude durant ses trente années d'expérience. Les
syncopes, quand il avait affaire à des femmes, étaient un ennui
qu'il voyait toujours suspendu sur sa tête, et qu'il s'efforçait
sans cesse de conjurer par ses recommandations.

-Fort bien, dit-il d'un air de plaisir tout professionnel. Que
Mme Droy et Mlle Gillette restent comme je leur ai indiqué. Pour
Mlle Stéphanie, c'est tout ce qu'elle pourra faire de me porter
ce flacon et de ne pas tomber à la renverse: ne vous fiez pas à
ces apparences sévères. Tout ira bien. Maintenant, il me faut
quelqu'un de sûr pour tenir ce mauvais bras.

-Gillette, dit Mme Droy, appelle ton père.

Gillette n'obéit pas, elle faisait de la tête un signe, Aube
s'attachait à elle avec une indicible détresse de pauvre être
abandonné.

-Ton père, répéta Mme Droy.

Les doigts d'Aube eurent le même frémissement qui implorait.

-Non, dit Gillette, ce sera moi.

Le docteur affairé au milieu de bandages se retourna brusquement.

-M'aider?... Vous?... allons donc. Vous vous pâmerez. Vous ne
serez pas assez forte.

Les larmes de Gillette avaient séché, son visage toujours sans
couleur annonçait une résolution virile.

-Je serai assez forte, répondit-elle, et je ne m'évanouirai
pas, je vous le jure.

Il happa au vol le poignet de la jeune fille et le fit plier sans
sa main. Mais cet examen le satisfit, car il dit: Allons, allons!
-et lui montra comment elle devait s'y prendre.

Il commença sa cruelle besogne sans plus tarder, sans prolonger
d'une seconde l'appréhension d'Auberte. Au moment décisif, tout
le corps d'Auberte se souleva, protestant éperdu contre son
martyre. Dans l'âpreté d'une douleur brutale, elle cria d'une
voix enrouée: oh! mon Dieu... Maman, maman!

L'appel d'Auberte traversa comme une flèche la maison
silencieuse; il n'y en eut pas d'autres. C'était fini, Auberte se
taisait, anéantie, une sueur froide au front, et la même rosée de
mort glaçait le front de Gillette impassible.

C'était fini, c'était fait et remarquablement fait, le docteur
s'en serait frotté les mains si sa nature acerbe avait connu de
pareilles expansions. Une sorte d'allégement se répandit dans la
maison que l'appel brisé, rauque, d'Aube avait consternée. Si
elle avait pleuré, gémi, avant ou après, ils n'auraient pas eu
tous les entrailles ainsi remuées; mais ce cri unique et ce
silence... Enfin, Aube ne souffrait plus, elle s'engourdissait
dans un épuisement navré. On l'avait installée pour la nuit, sa
potion calmante était prête, Stéphanie, qui était tout au moins
au moins une garde émérite, veillerait à tour de rôle avec Mme
Droy, Jeanne étant encore trop invalide pour quitter le château.

Auberte ne réclamait pas beaucoup de soins. La fièvre sema
d'abord son sommeil d'hallucinations. Elle croyait toujours
tomber, tomber, sans heurt, sans secousse, et il lui semblait
toucher le fond quand on l'éveillait pour renouveler son
pansement ou lui mouiller les lèvres.

Elle entendait sans cesse un bruit de grelots, très faible, très
doux, qui s'éloignait: les grelots d'Olge sonnaient avec une
précision de vérité à son oreille; ils finirent par la bercer, sa
fièvre céda et, le lendemain, elle eut une journée somnolente,
mais tranquille. Elle se montrait docile et restait sérieuse;
elle suivait d'un oeil indéfinissable Mme Droy, Stéphanie,
Gillette, quand elles évoluaient dans la pièce comme des ombres
amies; elle trouvait que Mme Droy avait grand air sous ses
manières simples, nettes et diligentes.

Ce qui étonnait un peu les Droy, c'est qu'Auberte, bien qu'en
pleine connaissance, gardait le silence et n'avait plus demandé
sa mère. Mme de Menaudru, avertie en même temps par M. Droy et le
docteur, annonça enfin son arrivée.

-Mais votre père est toujours souffrant et je crains qu'elle ne
puisse rester, dit Mme Droy à Aube en lui communiquant la
nouvelle.

Aube ne répondit que par un mouvement des paupières.

-Chère enfant, ne vous lèverez-vous pas pour la recevoir?

On exhortait souvent Aube à essayer ses forces, à s'asseoir dans
son lit. Mais non, elle ne pouvait pas, elle était trop lasse,
c'était la réponse de son regard patient, pathétique.

Il était tard, les aînés de la famille avaient attendu pour
souper le retour de M. Droy qui avait fait un court voyage. Les
enfants étaient couchés; Mme Droy, après avoir embrassé Auberte,
rejoignit les siens. De la salle à manger, venait une rumeur
joyeuse, contenue par égard pour Auberte, qui décelait le retour
toujours fêté du père. Par surcroît de précaution, Mme Droy, en
s'éloignant, ferma une double porte et Aube n'entendit plus rien.

Elle resta seule, le bouton d'un timbre à portée de son doigt,
mais elle n'aurait à appeler personne; pour la première fois,
elle se sentait presque bien.

Sa chambre ouvrait sur le salon et, dans la demi-nuit, elle
entrevoyait, comme une très longue perspective, la pièce pleine
d'ombres. Elle n'avait pas voulu de lumière, mais il y avait un
peu de feu dans la cheminée; les boutons innombrables des rosiers
rouges obstinés à fleurir frappaient contre les fenêtres closes.

Aube respira longuement, essaya un mouvement pour se prouver que
son épaule n'était plus qu'endolorie. Elle éprouvait une
excessive faiblesse qui n'était pas sans douceur, mais elle
n'était pas encore capable de supporter un voyage, et sa mère ne
pourrait l'emmener. Que déciderait-on? Elle se retourna dans son
lit qui lui paraissait bon, renversa la tête sur l'oreiller et
pria pour que son père souffrît moins cette nuit, et que sa mère
eût une heureux voyage.

Elle vit un petit fantôme blanc traverser le salon et s'arrêter,
indécis, devant sa chambre. Intriguée plutôt qu'effrayée, elle
avança la main sur son timbre, mais ne sonna point. Le petit
fantôme entra sans aucun bruit, puis soudain s'envola. Le feu
baissa et la pièce fut toute noire.

-Qui est là? dit Aube.

Pas de réponse, qu'un soupir qui semblait trempé de larmes.

-Qui est là? dit Anne un peu plus haut.

Alors, de nouveau, le rayon blanc glissa près d'elle, comme un
flocon de neige, et s'arrêta devant son lit.

-N'ayez pas peur, c'est moi, ce n'est que moi, répondit une
voix tout étouffée.

Un tison se remit à flamber dans l'âtre, et, sous cette clarté,
Aube vit Camille en chemise de nuit, pieds-nus, ses longs cheveux
jaunes épars sur son corps impalpable. Elle regardait Aube, mais
ses grands yeux fixes n'avaient pas de larmes.

-Battez-moi! fit-elle tout à coup, blessez-moi, tuez-moi,
faites-moi beaucoup de mal!

Et, sans laisser à Aube le temps de répondre, elle reprit avec
véhémence:

-Je le mérite, je le veux! Battez-moi donc... Tenez, voilà mes
mains, ma figure. Est-ce que vous n'avez pas la force de me
griffer jusqu'au sang? Oh! mon Dieu, s'écria-t-elle avec
désolation, elle n'a même pas la force de me griffer. Moi,
qu'est-ce que je vais devenir?

Et les paroles, trop longtemps contenues dans sa pauvre petite
âme tourmentée, s'échappèrent à la fin pressées et tumultueuses.

-C'est moi qui suis cause de tout, c'est moi qui vous ai
enfermée dans la niche. Je vous y avais vue monter; j'avais
trouvé moyen d'ouvrir notre porte du moulin; je suis montée après
vous; j'ai fermé et j'ai jeté la clef dans un massif. Le diable
me tentait. N'est-ce pas que cela vous redonne la force de me
pincer très fort? Essayez, n'ayez pas peur que je crie, que
j'appelle. Oh! gémit-elle dans un grand élan, depuis que vous
êtes tombée, j'ai eu plus de mal que vous ne pourriez m'en faire
et je n'ai pas crié.

Le comique de ses lamentations se noyait dans la sincérité de son
violent repentir.

-Je n'avais pas l'intention de vous laisser longtemps; non, je
vous assure. J'ai voulu aller vous ouvrir, Antoine m'a empêchée.
Il ne savait pas, ce n'est pas sa faute. Et moi, je n'osais rien
dire, parce que le patriarche était là. C'était affreux, je me
sentais plus prisonnière que vous, et, encore, je ne me doutais
guère de ce que vous risquiez. Quand je vous ai vue, j'ai cru
devenir folle, et quand vous êtes tombée!... Cela a été si long,
si long, je n'aurais pas pensé qu'il fallait plus de temps pour
devenir vieille. Mais cela ne fait rien. Je me suis punie tant
que j'ai pu, j'ai couru tout raconter au patriarche pendant que
le docteur était là, puis ensuite à Gillette: ils me détestent
trop pour me mettre en miettes. Ils ne me pardonneront jamais et
je ne veux pas qu'on me pardonne: ce serait trop bon pour une
malheureuse méchante. J'ai essayé de me distraire, j'aurais voulu
tomber comme vous, me démettre l'épaule et que le docteur Amaux
me la remette. Il n'y a que ça, voyez-vous, qui m'aurait un peu
guéri le coeur, et c'est tout ce que je pouvais faire pour vous.
Mais voilà, impossible de retrouver la clef de la tour dans les
massifs, le bon Dieu me prenait là. Alors je me suis cogné le
bras partout, mais il ne devenait seulement pas très bleu. J'ai
récité les psaumes de la Pénitence devant votre fenêtre et cela
ne me soulageait encore pas, ni vous non plus; et puis, ce soir,
dans mon lit, je n'ai plus pu y tenir. Je vous en prie! fit-elle
avec explosion, battez-moi... Voulez-vous que je vous donne les
pincettes?

-Mais, Cam, mon enfant... dit Aube qui n'avait pas encore eu le
temps de respirer sous cette avalanche de paroles, et qui était
partagée entre une envie de rire ou de s'attendrir et la crainte
que lui causait toujours une fougue si étrangère à sa nature.
Mais Cam, ma petite Cam...

-Elle m'appelle sa petite Cam! s'écria l'enfant avec un
redoublement d'affliction. C'est comme les grands saints qui
bénissaient leurs bourreaux.

-Cam, écoutez, venez là, près de moi; donnez-moi la main...

-Je l'ai donnée à mordre au chien de garde, il n'a pas voulu,
sanglota Cam.

-Donnez-la-moi pour que je l'embrasse.

-Non, non, c'est de la méchanceté d'être si bonne, de la
mé-chan-ce-té...

-Ecoutez donc. Vous ne savez pas une chose, c'est que j'avais
grande envie de vous connaître, de venir chez vous et, sans vous,
Cam, je n'y serais jamais parvenue. Il paraît que je n'avais pas
d'autre chemin pour entrer à la Maison que celui de la niche, et
c'est vous qui me l'avez ouvert, dit-elle en riant.

Ce petit rire affectueux, un peu las, brisa chez Camille les
dernières digues: l'enfant fondit en larmes, ses pleurs
ruisselèrent sur son petit visage bouleversé.

-Vous le dites par pitié, parce que vous voyez bien que je ne
vaux pas vos reproches ni vos coups. Mais vous avez tant
souffert... Oh! comme vous avez crié...

Camille prit ses cheveux à poignée et d'en fit, en un tour de
main, deux gros tampons soyeux dont elle se boucha ingénuement
les oreilles. Les larmes la dominèrent, elle voulut s'enfuir;
mais Aube la retint, et surmontant sa faiblesse dans l'urgence de
la situation, s'assit sans aide sur son lit et attira à elle
l'enfant qui frissonnait de tous ses membres.

-Vous avez froid...

Elle fit glisser Camille sous sa couverture.

-Là, tout contre moi, je n'ai pas mal de ce côté. Alors, Cam,
vous ne m'en voulez plus d'être au château.

-Non, non, dit Cam, pleurant à chaudes larmes.

-Toute votre colère contre moi est partie?

-Oui, pardonnez-moi.

Leurs lèvres se rencontrèrent.

Mme Droy rentra, une demi-heure plus tard, dans la chambre
d'Auberte avec Stéphanie et Gillette. Stéphanie qui portait la
lumière s'arrêta devant le lit, et ses deux compagnes regardèrent
avec elle. Auberte et Camille dormaient ensemble, la plus petite
dans les bras de l'aînée, étroitement serrées l'une contre
l'autre, leurs cheveux confondus sur l'oreiller.

Avec un sourire aimant, Mme Droy prit dans ses bras son démon de
petite fille et l'emporta sans l'éveiller.








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