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 Berthe De Buxy. (1863-1921) XI

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Berthe De Buxy. (1863-1921) XI Empty
MessageSujet: Berthe De Buxy. (1863-1921) XI   Berthe De Buxy. (1863-1921) XI Icon_minitimeMar 1 Mai - 16:20

XI

Aube s'éveilla de bonne heure et sut tout de suite où elle était;
mais elle n'en prit point alarme: son esprit, comme ses membres,
s'était retrempé dans ce long sommeil. Elle n'avait pas quitté
tous ses vêtements et put bientôt sortir. Elle passa dans la
salle d'entrée, devant la vieille qui ne fit rien pour la
retenir, traversa en courant l'espace qui précédait la maison et
arriva à la falaise. Elle vit sur l'autre bord du torrent Nine,
qui, un paquet d'herbe fraîche sur la tête, se dirigeait vers
l'écurie d'Olge. C'était le seul point vivant de l'horizon, il
n'y avait même pas un oiseau dans le ciel où le soleil levant
dispersait les brumes matinales.

Aube revint lentement, retrouva la vieille qui, assise à la même
place qu'elle ne semblait pas avoir quittée cette nuit, essayait
de déraidir ses membres à la chaleur du feu. Elle accueillit Aube
par un regard narquois de ses petits yeux fureteurs.

-Nous revoilà donc, _Demouéselle;_ nous avons trouve notre mur
trop haut pour le sauter, et une _Demouéselle_ comme vous ne
passerait pas seule sous la cascade sans être emportée.

-Je n'y passerai pas seule, dit Aube d'un ton positif, Nine
m'accompagnera. A cette condition, j'empêcherai qu'on ne punisse
votre fille. Mais il est temps que je rentre.

-Il est temps, mon agneau, vous avez bientôt dit. La petite
reine de Menaudru ne parlerait pas plus ferme. La connaissez-vous?
On la dit toujours renfermée et vivant avec les anges qui
n'ont jamais ni froid, ni soif, ni faim, et qui ne ressemblent
pas aux pauvres comme nous. A propos, Nine a trait la chèvre,
buvez le lait, je n'en prendrai pas: les vieux doivent laisser
les douceurs aux enfants.

-Merci, dit Aube repoussant d'un signe cette offre, je n'ai
besoin que d'un morceau de pain.

-On voit bien que vous n'êtes pas rassasiée du régime.

Un morceau de pain tout sec par ci par là peut être un régal.
Vous deviez pourtant avoir de belles dents, puisque les vieux
on-dit racontent que la Maison mangera le château.

-Il n'est pas question de cela, reprit Auberte.

Vous avez très mal agi avec moi, on m'a trompée en me parlant
d'une malade.

-Eh! fit la vieille avec rancune, est-ce que je ne suis pas
assez malade? Et la Nine, elle n'a pas été malade des trois mois
avec les os tordus, la fièvre, et rien à lui donner que de l'eau?
Et Gédéon, où serait-il avec sa blessure s'il n'y avait pas eu
quelqu'un pour avoir pitié de nous? Il n'a pas été malade donc à
passer ses nuits, les pieds dans la glace, pour guetter le gibier
d'eau, à risquer la prison pour la vendre?... Moi, sur ma chaise,
une jambe paralysée, et les garçons qui avaient pour pitance du
pain qu'il fallait mettre fondre dans l'eau. Ah! malades,
malades... nous le serons bien plus encore quand votre père aura
détourné l'eau de la Mielle pour sa scierie, jusqu'à ce qu'il ne
reste plus une truite pour Gédéon. Alors nous serons tous si
malades que nous mourrons de faim. Mais non, cela n'arrivera pas,
nous tenons votre père et nous le tiendrons serré. Qu'il vienne
vous chercher, si le démon lui montre le chemin. On voit de loin
ici. Nine aura si tôt fait de partir avec vous; moi, je resterai
pour lui répondre. Ah! oui, malade...

Elle se redressait, ses cheveux gris tombant sur ses joues
creuses, le bâton levé, elle semblait dénoncer en Aube tous les
coeurs durs de ce monde.

-Mais, pauvres gens, on vous punira, dit Aube. Laissez-moi
partir et je...

-Non, non, non! s'écria la vieille. Tant que votre père n'aura
pas cédé.

Aube rentra dans sa cabine, s'assit sur sa couchette et
réfléchit. Son esprit était redevenu lucide, les paroles de la
vieille avaient pleinement confirmé ses premières suppositions:
on l'avait prise pour une des filles de M. Droy. Elle comprit, du
même coup, le plan formé par ces cervelles ignorantes et obtuses.
Gédéon avait compté obtenir toutes les concessions de M. Droy en
séquestrant quelques jours l'un des enfants, sans se rendre
compte des conséquences qu'entraînerait pour lui pareil acte. Et
les deux femmes, aigries par la misère, pliées de longue date à
l'obéissance, entraient aveuglément dans les vues du maître. A
quoi bon les détromper, dire son nom? ces femmes ne la croiraient
pas ou refuseraient de la délivrer avant le retour de Gédéon. Si
M. Droy était informé de cette affaire, il voudrait peut-être
souscrire immédiatement aux conditions et aux engagements qu'il
plairait à Gédéon de lui dicter. Non, Aube ne voulait pas être
pour les Droy l'occasion d'un sacrifice. Elle envisageait les
choses sous leur véritable jour, c'est-à-dire comme un
contretemps sans péril qui avait, au milieu de sa vie ordonnée,
incolore, un excitant parfum d'aventure. Elle éprouvait une
douceur fière à rester calme et courageuse, à souffrir même un
peu pour la Maison; c'était, plus réchauffante et vivace, cette
même douceur céleste, inconnue, qu'elle avait ressentie alors
que, souffrante et blessée, elle avait apaisé le brûlant repentir
de Camille, qu'elle avait consolé et endormi contre elle l'enfant
qui venait de lui faire du mal.

Quelquefois elle avait rêvé de vivre un peu dans une cabane comme
une princesse dans un conte; quand elle était malade, elle
avouait le fiévreux désir d'aller passer quelques jours chez une
ancienne servante de Menaudru qui l'avait nourrie, et qui
habitait un chalet dans le Doubs, et, moitié riant, moitié
sérieux, le docteur disait oui.

Voilà que son désir se réalisait. Le hasard mettait à sa portée
des découvertes que ne lui aurait point réservées la pieuse
retraite de Sainte-Cécile. Dans le secret de son coeur, Aube
avait une soif inavouée de savoir, de mieux connaître ces
malheureux, de pénétrer plus avant dans leur vie et leur âme.

Et puis, elle supposait bien que son exil ne se prolongerait pas,
que Gédéon reviendrait forcément en ne recevant de la Maison ni
propositions ni avances, et qu'elle serait libre avant la date
fixée pour son retour à Menaudru.

Les heures s'écoulèrent paisibles entre la grand'mère qui se
dédommageait de l'inertie forcée de ses membres par l'agilité de
sa langue, et Nine toujours silencieuse qui vaquait à ses travaux
de ménage.

A midi, Nine servit une soupe épaisse et quelques pommes de terre
dont Aube eut sa part; puis elle s'assit auprès de la vieille,
et, de ses doigts estropiés, commença à tresser des corbeilles.
Elle travaillait sans hâte et sans trêve, sans plainte et sans
joie, comme une pauvre machine.

Aube, qui était libre en apparence, se promena autour de la
maison. La journée était devenue radieuse; mais, sur ce sommet
désert, le beau soleil comme les nuages semblaient répandre une
paix mélancolique. Aube, en longeant la falaise, découvrit une
échappée par où l'on apercevait Menaudru. L'antique palais se
dressa tout à coup comme une apparition et Aube, un peu
défaillante, s'assit pour le voir. Il n'y avait pas aujourd'hui
de brume autour du mont, et le vieux Menaudru planait dans la
lumière, il se découpait en arêtes vives sur le bleu
resplendissant du ciel.

Aube distingua, près du château, la tache plus blanche qui était
la Maison.

La Maison finira par manger le château, avait dit la vieille.
Etait-il possible que la Maison finît par l'emporter sur son
grand ennemi héréditaire; que l'infime pygmée attaché au flanc de
l'antique colosse réussît à y faire une blessure par où tout le
vieux noble sang coulerait? Et, quand le soleil couchant fit
autour du château comme une mer de pourpre glorieuse, il sembla à
Aube que c'était tout le sang de Menaudru qui, s'étant échappé,
s'épandait dans la plaine.

Ils avaient Hugues, à la Maison, ils étaient heureux, sans souci
du regard tendre, un peu éperdu, qui les cherchait à travers le
vertigineux espace. Ils avaient au milieu d'eux cet Hugues si
rempli de jeunesse et de force que, depuis qu'il avait parlé à
Aube, quelque chose de cette ardeur ferme était entré en elle,
que, depuis qu'elle avait entendu cette voix, son coeur assoupi
battait plus fort.

Quand Aube détourna enfin ses yeux éblouis, un point noir
apparaissait en haut de la falaise. Ce point noir se dirigea très
vite vers la maison où l'attendait Nine, qui était sortie sur sa
porte.

Aube se rapprocha, pressentant une nouvelle.

A mesure qu'elle marchait, elle reconnaissait dans le point noir
une enfant, et dans cette enfant, Zoé, Zoé éplorée, les vêtements
en lambeaux, mouillée des pieds à la tête, probablement par un
contact récent avec la cascade.

Mais Aube ne s'abusait-elle point? Etait-ce bien Zoé, la muette,
l'insensible Zoé qui, le visage inondé de larmes et marbré de
meurtrissures, criait, gesticulait en courant vers la hutte?

Zoé s'arrêta devant Auberte, aussi pétrifiée que si elle voyait
un fantôme. La présence de Mlle de Menaudru acheva de la
bouleverser; mais, dominée par une frayeur pire, elle passa
devant Auberte pour se précipiter dans la salle, se jeter les
bras étendus vers la grand'mère et, tremblante, égarée comme un
animal maltraité poussé au paroxysme de la terreur, elle répétait
avec véhémence: Cachez-moi, ne me laissez pas prendre...

-Ce que j'ai fait à Hermance? reprit-elle à travers ses
sanglots. Tout ce que j'ai pu pour "l'enrager". Oui, toujours
battue, toujours... Est-ce que ça se doit? Est-ce que... est-ce
que...

Elle se tut, étouffée par la question passionnée qu'elle semblait
adresser au sort plutôt qu'à Nine.

-Hermance a dit qu'elle me tuerait si la demoiselle de Menaudru
me voyait pleurer. Je suis partie me cacher dans les carrières.
J'ai rencontré votre homme, Gédéon; il m'a dit qu'il allait
travailler aux terrassements, mais que je me sauve ici et que je
vous dise de me garder, parce qu'Hermance est trop méchante et
que j'aime mieux mourir que de retourner avec elle.

J'ai passé la cascade toute seule, et j'aurais passé si elle
avait été de feu. Nine, _Mémé_, gardez-moi. Vous n'avez guère à
manger, mais je ne mangerai pas du tout, s'il faut. Est-ce que je
mangeais chez Hermance? Gardez-moi au moins un petit peu chez
vous.

Oh! je sais bien que je ne vous suis rien à vous, _Mémé_, gémit
la petite fille, rien que la cousine à Nine... Mais, pourtant,
Gédéon a dit...

Sa voix s'étrangla.

-Que c'était une honte! Et c'est une honte, je le dis avec
Gédéon, s'écria solennellement la grand'mère. Tu ne retourneras
plus chez cette serpent d'Hermance. Si c'est tout ce que te
rapportent les charités de la _demouéselle_ de Menaudru, vaut
encore mieux misérer avec nous.

Zoé répétait, pleurant toujours, mais plus bas:

-Je sais... je sais que vous n'avez guère.

-Tu auras comme nous, dit brièvement Nine.

Elle posa la main sur la tête humide et ébouriffée de la petite.
Aube comprit alors que Nine ressemblait à Zoé; mêmes traits
épais, même lourde carrure, même crinière ténébreuse. Et cette
main surmenée, déformée, posée sur ce front d'enfant en détresse,
dans un geste d'adoption, parut à Aube inexprimablement triste.

Aube était rentrée aussi; comme personne ne lui accordait la
moindre attention, Zoé ne semblant même plus la voir, elle
regagna sa cabine. Par la porte ouverte, elle suivait la scène,
elle voyait Zoé toujours appuyée contre Nine. Nine, par l'effet
de la lenteur passive de ses mouvements ou de son esprit, gardait
longtemps les mêmes attitudes. Elle dit soudain de sa voix aux
intonations rouillées où vibra une sourde tendresse: Tu as vu
Gédéon, as-tu vu mes garçons?

-Non, fit la petite.

Et Nine s'écarta pour se remettre à l'ouvrage. La grand'mère
continua: Gédéon s'arrangera avec Hermance; il a le droit, mais
il te croyait mieux chez elle. Hermance embobinera bien la
_demouéselle_ de Menaudru, elle est capable de se faire continuer
ta pension pour se consoler de t'avoir perdue.

Et puis on lui portera, de temps en temps, un poisson, puisque
Gédéon va garder sa rivière, et Nine lui tressera des paniers...

Qu'est-ce que Gédéon t'a dit pour nous? demanda encore la
vieille.

-Y n'a pas pu venir à cause des affaires qu'il a et que vous
savez.

-Il a-t-il eu bien du tapage à la Maison des Droy?

-Du tapage? je ne sais pas. Gédéon a dit que quelque chose ne
marchait pas, que si ça n'allait pas mieux, il reviendrait
demain. Je n'ai pas bien compris.

Aube n'écoutait plus, elle était atterrée par les révélations de
cette enfant, qui fuyait si désespérément sa protection pour se
réfugier chez ces sauvages. Gillette avait raison, Hermance
abusait indignement de son autorité; Zoé était malheureuse chez
cette femme qu'aucun élan religieux n'élevait à sa tâche de mère
adoptive.

Zoé, délivrée de ses appréhensions, se calma et devint à peu près
aussi taciturne que Nine. Elles rivalisèrent de silence, laissant
le champ libre à la grand'mère qui causait sans cesse, et, si
quelqu'un autour d'elle élevait par hasard la voix, déclarait
qu'on lui fendait la tête et qu'il n'y avait plus moyen de
s'entendre.

Zoé accepta promptement la société d'Aube comme un fait tout
naturel, et ne parut pas disposée à rendre à la jeune fille son
séjour plus agréable. Il y avait en elle un ferment d'hostilité.
Aube crut s'apercevoir que l'enfant, par quelque caprice, peut-être
même dans un obscur esprit de vengeance, n'avait point trahi
l'incognito de sa bienfaitrice; il lui plaisait sans doute de la
voir en captivité, en tout cas, les deux femmes ne changèrent
rien à leur manière d'être vis-à-vis d'Aube. Elles étaient à leur
brusque façon si bonnes pour Zoé, elles partageaient si
libéralement leur nourriture avec la petite, se privant pour
elle, non seulement sans reproche, mais encore sans arrière-pensée,
qu'Aube en concevait parfois de l'admiration. Elle levait
alors les yeux sur l'image de Jésus: si le rayonnement de la
sainte image, qui manquait dans la jolie maison d'Hermance,
ennoblissait cette hutte, tout faible et obscurci qu'il arrivât à
ces natures ignorantes et incultes, que serait-ce si cette
lumière céleste leur apparaissait dans sa vérité dégagée de toute
ombre?

Pendant que Zoé et la grand'mère dormaient, Aube entendit Nine
travailler à sa vannerie jusque bien avant dans la nuit pour
payer la rançon de Zoé, après une journée dont la fatigue mettait
du plomb dans tout son corps. Quelle esclave était cette femme,
quelle pauvre bête de labeur... Elle avait défriché presque sans
outils un coin de terre, elle bêchait, fendait le bois qu'elle
allait couper. Elle essayait même de coudre. En voyant l'aiguille
se perdre dans ses doigts durcis, Aube, qui était venue s'asseoir
dehors près d'elle, prit la robe que Nine essayait de repriser.

-Je savais bien coudre autrefois, fit Nine avec le sourire
hésitant qui mettait un rayon fugitif sur sa figure massive. Moi,
je ne suis pas des monts, mais du pays plat. Mes défunts parents
avaient une maison de pierre, un pétrin de chêne, des armoires
très belles. Mon frère a tout gardé. Gédéon est généreux comme un
prince. On ne donne pas des armoires à des vagabonds comme nous.
Il y en avait une sculptée avec un coeur et des roses... vous
l'auriez aimée. Nous n'avons plus rien, cette maison est à la
Mémé et nous n'y sommes pas toujours: nous courons plus souvent
la montagne que nous n'habitons ici.

-Et vous avez bien voulu quitter la plaine?

-Oui, dit-elle calmement, j'ai traversé le torrent avec Gédéon.
Le torrent... Gédéon... c'est quelque chose comme ça dans
l'histoire sainte, il me semblait y être. On s'aime bien, on s'en
va ensemble, on ne voit rien d'autre. Et cela a été fini, nous
n'avons jamais pu redescendre.

Son sourire flottant se fixa une minute, puis mourut.

-Que voulez-vous? on s'aime, on se marie, c'est le bon Dieu qui
veut ça. On a de la misère ensemble, des affronts, est-ce que
c'est le bon Dieu qui le veut encore? Moi, fit-elle lentement, je
vous dirai que je ne le crois pas. Ma tête n'est pas solide comme
celle de Gédéon ou de la mère, mais je ne crois pas que le bon
Dieu soit contre nous. Seulement, nous ne connaissons peut-être
pas bien sa volonté et les hommes sont durs.

Ainsi, vous pensez mal de nous parce que Gédéon braconne.

Mais enfin, dit-elle avec effort, ce n'est pourtant pas voler.

Le gibier, une chose qui court, qui vole et qui va chez tout le
monde, c'est à tout le monde aussi, votre père devrait le
comprendre.






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