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 Guillaume Colletet (1598-1659) L' adieu des champs.

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Inaya
Plume d'Eau
Inaya


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Guillaume Colletet (1598-1659) L' adieu des champs. Empty
MessageSujet: Guillaume Colletet (1598-1659) L' adieu des champs.   Guillaume Colletet (1598-1659) L' adieu des champs. Icon_minitimeSam 23 Juin - 15:34

L' adieu des champs.


Ruisseaux qui sur ces fleurs eternellement vives
Promenez le crystal de vos eaux fugitives,
Vous antres tenebreux, solitaires deserts,
Rochers qui vous perdez dans le vague des airs,
Et vous sombres forests, de qui l' horreur sacrée
Reconforte les dieux, et les nymphes recrée,
Que ce bien me plairoit, et me sembleroit doux,
Si je pouvois mourir, et vivre avecque vous !
Mais la rigueur du sort qui me nuit, qui m' outrage,
Et qui croid triompher de me voir en servage,
Pour me plonger encor dans les soins de la cour
Me force de quitter vostre aimable sejour.
Chaste soeur du soleil, deesse vagabonde,
Qui partages la terre avec l' astre du monde,
Deïté tutelaire et des bois et des champs,
Si tu te pleus d' oüir la douceur de mes chants,
Si tes nymphes fuyant l' embusche du satyre
Ont marié leurs voix aux accords de ma lyre ;
Si j' ay plus que pas un des hommes immortels
De guirlandes de fleurs couronné tes autels,
Fayque dans peu de jours ces beaux lieux je revoye,
Puis qu' ailleurs je n' ay point de repos ny de joye.
Tandis, jusques à tant que mon sort adoucy
Me soit plus favorable, et me rameine icy,
J' auray tousjours empraint au fond de ma pensée
Le portraict bien heureux de ma gloire passée ;
Et rien ne me pourra jamais entretenir
Que l' eternel objet de vostre souvenir.
Adieu donc clairs ruisseaux, adieu sombres rivages,
Qui me semblez plus doux plus vous estes sauvages,
Adieu vastes deserts, adieu rocs sourcilleux,
Adieu parc herissé de chesnes orgueilleux,
Adieu sainctes forests de feuilles couronnées
Où ma muse a passé de si douces journées,
Adieu divinité qui preside en ce lieu,
Je vous laisse mon ame en vous disant adieu ;
Sçachez que pour aller où le sort me convie,
Je perds en vous perdant le repos de ma vie.
Ainsi, cher Alidor, mon esprit soupira
Lors que de tes deserts le ciel me retira ;
Et qu' abandonnant l' or d' un lieu plein d' innocence
Je r' entray dans les fers du lieu de ma naissance.
Si ma muse est encor l' objet de ton desir,
Ces vers te doivent estre un sujet de plaisir ;
Mais si tu m' aimes bien, tu ne les sçaurois lire
Que mon mal ne te cause un semblable martyre.
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Guillaume Colletet (1598-1659) L' adieu des champs.
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