Ruses d' amour.
Sonnet 14.
Ne feignez point d' aller où le sort vous appelle ;
Ingrate, je voy bien quel est vostre desir ;
Vous pensez en changeant gouster un long plaisir,
Mais vous n' en recevrez qu' une honte eternelle.
Celuy qui vous brusla d' une flâme nouvelle,
Et que pour vostre espoux vostre coeur va choisir,
Considerant un jour vostre humeur à loisir,
Se défira de vous comme d' une infidele.
Mais quel ressentiment m' excite ce couroux ?
Vos larmes nous font voir, que c' est bien malgré vous
Que vous faussez la foy que vous m' avez donnée.
Ce qui me rend aussi ce noeud moins odieux,
C' est que l' aveugle amour qui trompa tous les dieux
Void encore assez clair pour tromper hymenée.