La mort de l' amour.
Sonnet 62.
L' innocente Cloris, joüoit sur ce rivage
Où s' escoulent ensemble et la Seine, et mes jours ;
Elle voyoit ses eaux precipiter leur cours,
Et remplissoit ses mains d' eaux, et de coquillage.
Amour qui l' apperceut, rid, et tint ce langage ;
Je voy sortir des flots la mere des amours ;
Du moins, voila ses yeux, sa grace, et ses discours ;
Mais celle-cy m' émeut, et me plaist davantage.
Ha si c' estoit Venus, elle me baiseroit !
Mais celle-cy me monstre un visage si froid,
Que cét objet d' amour m' en est un de martyre.
Dans cette extremité de voir et de souffrir,
Mortels que j' ay blessez, ne feignez point de dire,
Venus fit naistre amour, Cloris l' a fait mourir.