L' image de la mort.
Sonnet 35.
Depuis que dans ses fers ma Claudine m' engage,
Tantost je sens d' amour les furieux transports ;
Tantost dans ma langueur je suis au rang des morts,
Ou j' en ay tous les traits sur mon pasle visage.
Si j' estois tout esprit dans la fleur de mon âge,
Dans mon âge advancé je ne suis plus qu' un corps ;
Et si je vis encor, ce n' est que par ressorts,
Comme un enchantement qui fait vivre une image.
Aussi comme la mort dont les traits percent tout,
Void que depuis long temps je ne suis plus debout,
Que je suis dans mon lit abbatu, froid, et blesme.
Elle fuit ma rencontre, ô prodige nouveau !
Et croit en me fuyant qu' elle fuit la mort mesme,
Ou qu' elle fuit un corps qui gist dans le tombeau.