La mort et l' amour.
Sonnet.
He bien ce frere est mort qui vous estoit si cher !
Que void-on de nouveau dedans cette avanture ?
N' est-ce pas le tribut qu' exige la nature
D' un corps qui n' estoit pas ny bronze ny rocher ?
Mais si plus que l' amour la mort vous peut toucher,
Pourquoy depuis le temps que j' aime et que j' endure,
Et que le desespoir creuse ma sepulture,
Un si funeste objet n' a-t' il peu vous toucher ?
Plus sourde que la parque, et plus aveugle quelle,
Faut-il que vous soyez encore plus cruelle ?
Sa main n' a qu' une flesche, et vos yeux en ont cent.
Au moins pour adoucir l' aigreur de ma misere,
Me voyant à vos pieds ou mort, ou languissant,
Feignez de me pleurer, quand vous pleurez un frere.