La mort heureuse, à Angelique.
Sonnet.
Faut-il que ces beaux yeux qui promettent la vie
À quiconque a la gloire, et l' aise de les voir,
Apres avoir ainsi ma liberté ravie,
Me privent du repos que je soulois avoir ?
Leur dure cruauté n' est jamais assouvie,
Ils me font plus de maux qu' on n' en peut concevoir ;
Ingrate, si ma mort contente vostre envie,
Ce coeur que vous bruslez s' offre à la recevoir.
On ne m' entendra point proferer de blasphemes,
Et loin de murmurer de vos rigueurs extresmes,
Je mourray dans ma flâme en loüant vos appas.
Au moins obligez moy d' une grace en eschange ;
Recevez mon esprit au poinct de mon trespas ;
Le puis-je mettre mieux qu' entre les mains d' un ange ?