La beaute louee, à la belle Angelique.
Sonnet.
Puis que le ciel me force, ou m' invite à t' aimer,
Comme l' unique objet qui merite mes veilles,
Au moins sois attentive à leurs doctes merveilles
Qui vont dans l' univers tes loüanges semer.
Si tes yeux éclattans peuvent tout enflâmer
Dés que l' on apperçoit leur beautez sans pareilles,
Les beaux vers dont je flate et charme tes oreilles,
Peuvent de leurs accens les roches animer.
Si mon style estoit bas, et ma muse vulgaire,
Je fairois voeu d' aimer, et pourtant de me taire,
Pour ne trahir l' honneur que ton nom s' est acquis ;
Mais l' amour qui se plaist au bruit de ta loüange
M' inspira pour tes yeux, dés que tu me vainquis,
Angelique beauté, les paroles d' un ange.