La beauté parfaite.
Sonnet 10.
Que j' aime ces beaux yeux, dont les traits sont si doux !
Que j' aime de ce teint la fraischeur naturelle !
Que j' aime ce beau port digne d' une immortelle !
Et qu' aimant tant d' appas je fais d' hommes jaloux !
Le soleil n' a rien veu de si rare que vous,
Depuis qu' il nous fait part de sa flâme eternelle ;
Aussi vostre beauté, chere Cloris, est telle,
Que cet astre la suit, et l' aime comme nous.
Il sort pour vous mieux voir plus matin de sa source ;
Et puis précipitant sa lumiere et sa course,
Il dérobe à nos yeux son aimable splendeur.
Sçavez-vous bien pourquoy, beau miracle du monde ?
C' est qu' épris de vos yeux dont il ressent l' ardeur,
Il va se rafraischir dedans le sein de l' onde.