La beauté superbe.
Sonnet 4.
De ses jeunes beautez elle est tant orgueilleuse,
Qu' elle voudroit par tout faire éclater sa loy ;
Cette reyne des coeurs mépriseroit un roy,
Qui voudroit l' échauffer de sa flâme amoureuse.
Dans les riches appas d' une rime nombreuse,
J' ay beau chanter ses yeux qui peuvent tout sur moy ;
J' ay beau luy declarer mon amour, et ma foy,
Plus je suis déferant, plus elle est rigoureuse.
Vous qui pristes naissance avecque le soleil,
Ans qui roulez sur nous d' un mouvement pareil,
Ridez le front poly de ma jeune maistresse.
Noircissez son beau teint, blanchissez ses cheveux,
Faites de ses beaux jours les nuits de sa vieillesse,
Esteignez sa lumiere, et j' esteindray mes feux.