La beauté naturelle.
Sonnet 6.
Adorable sujet des peines que j' endure,
Dont la tresse, et les yeux, sont des noeuds, et des dars ;
Loin de boucler ainsi tes beaux cheveux épars,
Laisse les je te prie errer à l' avanture.
Ne contrains plus tes yeux, dont je sens la blessure,
Il n' est rien de plus beau que tes libres regars ;
L' amante de Cephale, et l' amante de Mars,
N' ont point employé l' art à farder la nature.
Veux-tu que ta jeunesse ait de nouveaux appas ?
Que la grace eternelle accompagne tes pas ?
Que ta splendeur efface, et Venus, et l' Aurore ?
Laisse ce vain esclat, et ce vain ornement ;
Claudine, veux-tu plaire à l' amant qui t' adore ?
Donne à mille souspirs un souspir seulement.