L' heureuse presence.
Sonnet 11.
Ô mon coeur, ô mes yeux, allons voir ma maistresse,
Que depuis si long-temps nous souhaitons de voir ;
Esclaircissons ce jour qui nous semble si noir,
Et faisons succeder la joye à la tristesse.
Ha je voy ses beaux yeux, je voy sa belle tresse !
Je voy son sein mouvant qui peut tout émouvoir ;
Dieux j' approche sa bouche, et j' y vais recevoir
L' innocente faveur d' une chaste déesse !
Amour, qui m' as reduit dans ta captivité,
Que tu traittas ma flâme avec severité,
Lors que tu m' esloignas de Claudine que j' aime !
De quelque doux espoir dont tu flattes mes jours,
Ce seroit un effet de mon bonheur extréme,
De ne l' avoir point veüe, ou de la voir tousjours