La fievre tierce.
Sonnet 24.
Petits traits enflâmez, dont l' ardeur conjurée
Passe de veine en veine, et coule d' os en os ;
Que vous a fait Cloris pour troubler son repos,
Et rendre sa douleur d' eternelle durée ?
Ses yeux dont la splendeur fut par tout adorée,
Sous vos noires vapeurs languissent demy clos ;
Son visage est noyé d' un deluge de flots,
Et sa lévre devient pasle, et décolorée.
Ô ciel ! Enten les cris de son coeur affligé,
Estouffe ces brasiers dont il est assiegé ;
Tu perds en la perdant une infinité d' ames.
Ou s' il faut qu' elle souffre, et qu' elle doive un jour
Souspirer les ardeurs de quelques vives flâmes,
Fay de sa fiévre tierce, une fiévre d' amour.