Le paradis d' amour.
Sonnet 27.
He bien, cher Alcidon, que dis-tu de ma dame ?
Si tu peux maintenant garder ta liberté,
C' est que tu n' as point d' yeux pour voir tant de beauté,
Ou pour sentir son feu, c' est que tu n' as point d' ame.
De moy que l' on me loue, ou bien que l' on me blâme,
Apres ce digne objet de ma felicité,
Je ne voy point icy d' autre divinité,
Ny ne sçaurois brusler d' une plus belle flâme.
Mon dieu, que je ressens de douceur en ses fers !
Aussi ne craignant plus les peines des enfers,
Qui croira desormais que je me doive plaindre ?
Loin ces vaines frayeurs qui me troubloient jadis ;
Je puis tout esperer, et ne doibs plus rien craindre,
Puis que dans ces beaux yeux je vois mon paradis.