Baisers receus.
Sonnet 28.
Apres tant de baisers cüeillis sur vostre bouche
Si mon esprit se plaint, et n' est pas satisfait,
C' est que je voudrois voir par un plus doux effet,
Que mon amour vous plaist, et que mon mal vous touche.
Ne me soyez donc plus si dure et si farouche ;
Souffrez que j' idolastre, et je baise à souhait
Ces deux globes jumeaux, ces deux gazons de lait,
Dont la beauté pourroit émouvoir une souche.
Tu ne voulois de moy qu' un baiser, dittes-vous ;
Il est vray, ma Cloris, mais ce bien est si doux,
Que plus on en possede, et plus on en desire.
En cela le plus riche est le plus indigent ;
Et puis n' avez-vous pas mille fois oüy dire,
Que l' appétit croist en mangeant.