Baisers.
Sonnet 79.
Imité de Catulle.
En dépit des assauts que le monde nous livre,
Vivons, chere Cloris, aimons nous, baisons nous ;
Pense à me contenter, sans penser à ces fous,
Qu' une commune erreur empesche de nous suivre.
Quand le soleil est mort, le soleil doit revivre,
Mais quand la parque aveugle, et le destin jaloux,
Nous envoiront là bas, où nous descendrons tous,
Devons nous esperer que l' on nous en delivre ?
Imitons ces oyseaux, tesmoins de nos plaisirs,
Accorde cent baisers à mes ardans desirs,
Sous les feüillages vers de cette forest sombre.
Si tu crains que leur voix les aille rapporter,
Donne moy des baisers, Cloris, en si grand nombre,
Que les plus fins d' entre eux ne les puissent
Compter.