Le coeur volant.
Sonnet 43.
Mon coeur, où voles tu ? Vas tu voir cette belle,
Ce prodige d' appas, ou plustost de rigueur,
Qui se rid de mes maux, qui vit de ma langueur,
Et qui n' a d' autre soin qu' à la rendre eternelle ?
Fuy le feu de ses yeux, dont la moindre estincelle
Consumera bien-tost ton reste de vigueur ;
Et si tu te souviens d' estre encore mon coeur,
Anime moy plustost, que de languir pour elle.
Dieux ! Tu fermes l' oreille à mes tristes discours,
Et prevoyant ta perte, à ta perte tu cours ;
Va, mais reçois en gré cet advis salutaire.
Fay que sa glace fonde aupres de ton ardeur ;
Ou pour punir Cloris, et sortir de misere,
Laisse esteindre ta flâme aupres de sa froideur.