Desir.
Sonnet 54.
Quand éloigné du bruit et des troubles nouveaux,
Pourrai-je avec Cloris au fonds de ce bocage,
Tous deux seuls estendus sur les fleurs d' un rivage
Marier mes chansons au murmure des eaux ?
Quand verray-je ses yeux, qui m' ont fait tant de maux,
Regarder en pitié les fers de mon servage,
Et des traits innocens de leur muet langage
Adoucir mes tourmens, et benir mes travaux ?
Dieux ! Je la vois venir si fiere et si cruelle,
Que l' esprit le plus fort tremble autant devant elle,
Que tremblent sous le vent ces feüillages divers.
Loin d' alleger mes maux, ses yeux brûlent mon ame ;
Mais si le feu du ciel doit brusler l' univers,
J' aime autant que Cloris me brusle de sa flame.