L' amour funeste.
Sonnet 59.
Habert, mon cher amy, seul confort qui me reste
Dans les divers transports de mon affection ;
Toy qui nous peins d' amour l' ardente passion,
Comme on nous peint un monstre, une rage, une peste.
Je sens bien que son feu n' est pas un feu celeste
Qui conduit mon esprit à la perfection ;
C' est un feu de desordre, et de punition,
Dont l' eternelle ardeur n' a rien que de funeste.
Ah que n' est-il semblable à ce feu merveilleux,
Dont Hercule brusloit sur un mont orgueilleux,
Quand la parque cruelle y devida sa trame !
Apres que ce heros eut mille maux souffers,
Il vola dans le ciel sur l' aisle de sa flâme,
Et ma flâme est pour moy la flâme des enfers.