Nouvelle funeste.
Sonnet 50.
Quelle triste nouvelle ! Est-il vray qu' elle expire,
Et que de sa langueur elle passe aux abois ?
Ah ! Je cesse à ce mot d' estre ce que j' estois,
Et percé de douleur, je ne sçaurois l' escrire.
Courage, pauvre amant, fay ce qu' amour t' inspire,
Va voir cette beauté pour la derniere fois ;
Oy ses derniers souspirs, et sa mourante voix,
Et marque sur son sein ce que tu n' oses dire.
Mais si tout meurt icy jusqu' à la moindre fleur,
Si le ciel s' obscurcit et change de couleur,
Si le soleil s' arreste au fort de sa cariere ;
Si de son midy mesme il fait son occident,
Pour ne point voir tomber mon ange de lumiere,
Puis-je voir sans mourir un si triste accident ?